Dans mon article précédent, nous entrions de plein pied dans la renaissance Italienne avec l'arrivée des thèmes mythologiques dans la peinture. On sort petit à petit de la peinture uniquement religieuse et petit à petit un retour à l'antiquité prends sa place. On quitte également le réalisme néerlandais pour s'installer dans un monde féerique ou la profusion de détail devient la règle.
Io et Jupiter par Le Corrège
L'un des grands chefs-d'œuvre, inspiré de la mythologie de la peinture, de la haute Renaissance, Io et Jupiter (1533) a été peint par Le Corrège (en italine : Correggio) pour Frédéric II, duc de Mantoue. Il fait partie d'une série de quatre peintures conçues pour le Palais du Te , à Mantoue. À l'époque de cette commande, Le Corrège était déjà l'un des plus grands maîtres d'Italie, grâce à son habileté virtuose dans la peinture de quadratura, illustrée dans son impressionnante Assomption de la Vierge (Cathédrale de Parme) (1524-30). Cependant, il était moins connu que d'autres artistes de la Haute Renaissance, comme Raphaël et Michel-ange, parce que ses commandes étaient pour les clients provinciaux, plutôt que pour la papauté et la Renaissance à Rome. En tout cas, Io et Jupiter était sa peinture mythologique la plus célèbre, dont la nature séduisante et érotique a influencé de nombreux artistes de la Renaissance italienne tardive, aussi bien que de nouveaux maîtres maniéristes comme Parmigianino (1503-40). Des éléments de son style ont refait surface à l'époque de l'art rococo, entre les mains de François Boucher (1703-1770).
L'assomption de la Vièrge par Le Corrège (cathédrale de Parme)
Dans le développement de son style, Le Corrège a été influencé initialement, dans sa compréhension de la perspective linéaire et raccourci, par Andrea Mantegna (1431-1506). En outre, il s'est inspiré de différentes influences des villes du nord, en particulier Venise et Milan. Il emprunte à Léonard de Vinci (1452-1519) et à Giorgione (1477-1510), mais il est peu influencé par Raphaël ou Michel-Ange. En outre, bien qu'il connaissait les œuvres de l'Antiquité classique, il évitait le classicisme artificiel de l'école bolognaise et des artistes de Rome. Malgré cela, le célèbre biographe Giorgio Vasari a reconnu qu'aucun peintre de l'époque n'était meilleur à manipuler la couleur ou à représenter la douceur de la chair et la texture des cheveux.
Le Corrège a tiré l'histoire de Io et Jupier de l'œuvre classique d'Ovide, Métamorphoses (vers 10 av. J.-C.), une source populaire qui contenait de nombreuses descriptions des amours des dieux. Jupiter se transformait souvent en une autre forme afin de séduire les femmes qu'il désirait. Dans Io et Jupiter, il s'enveloppe dans un nuage sombre pour séduire la nymphe Io, fille d'Inachus, roi d'Argos. Plus tôt, il s'était approché d'elle sous ses propres traits et lui avait demandé de venir dans les bois avec lui, mais quand elle s'est enfuie, il s'est transformé en nuage et l'a poursuivie.
le visage de Jupiter dans la fumée
Le tableau montre Io assis sur un tronc d'arbre dans les bois. Un cerf boit à ses pieds, tandis que tout autour d'elle est un tourbillon de nuage trouble. Soudainement, Jupiter, dont le visage est juste visible au-dessus de Io, bondit, tirant la nymphe dans son étreinte. Io est prise complètement par surprise, comme le montre sa position déséquilibrée. Elle saisit Jupiter de la main gauche, tandis que sa droite agite désespérément. L'image la capture à mi-séduction - sa chair blanche chaste tremblant à la touche érotique de Jupiter. Jupiter lui-même n'est pas représenté. Au contraire, sa présence est suggérée à l'intérieur de la brume, alors qu'il embrasse la nymphe tout en la tenant fermement de la main droite. La méchanceté de ses intentions prédatrices est parfaitement évoquée par la forme sombre de son visage et l'obscurité du nuage dans lequel il se cache.
Notez la maîtrise de sfumato du Corrège qui lui permet de créer un contrast entre le corps sensuel d'Io et dans le nuage qui est sur le point de l'engloutir.
Io est aussi l'une des satellites de la planète Jupiter
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@siavach, Amtateur d'art et Photographe
Encore un article de très grande qualité. J'étais très dans la Renaissance italienne et la mythologie à l'adolescence, mais j'ai un peu oublié tout ça. Tes articles me donnent l'occasion de m'y replonger. J'attends mon chouchou Michel-Ange avec impatience.
Merci @lifeinblue
Tu l’attends avec impatience mais moi j ai un peu peur de me louper dessus. J’espère que tu ne seras pas trop dure dans ce cas :-)
Du tout :-) J'ai le même dilemme avec Bach. Depuis des jours je veux écrire un article dessus, mais c'est teeeellement immense que tout ce que je pourrais écrire me paraît dénué de sens. Je ne sais même pas par où commencer :-)
J ai honte. Je le connais presque pas. J attends ton article pour en savoir plus :-)
Oui, avec plaisir :-)
This is stunning 👍
Une bien belle chronique artistique que vous nous offrez ici ! Upvoté à 100% !
Cool merci les amis
A-t-il peint plusieurs versions du tableau? J'ai l'impression que le détail vient d'un autre tableau que l'image du haut. Il me semble que les peintres faisaient souvent le même tableau plusieurs fois s'il avait du succès. J'adore Correge.
Salut, c est un agrandissement pour montrer la maîtrise du peintre :-) je pensais que c’était évident ;-)
Oui, j'ai compris qu'il s'agit d'un détail du tableau. Mais j'ai l'impression que le tableau du haut n'est pas le même. Le détail est beaucoup plus beau que la même section du tableau en haut. Alors je me demandais s'il y avait plusieurs versions du tableau...
Effectivement je vois qu il y a une différence de teinte