Voici la suite de mon précédent article : les défenses d’un château fort (1ère partie)
Les défenses passives et actives d’un château fort sont nombreuses et ont évolué au cours du Moyen Age.
Les ingénieurs médiévaux ont fait preuve d’une ingéniosité presque sans limite pour protéger les seigneurs qu’ils servaient.

Voici le lien de mon article précédent :
Les défenses d'un château fort (1ère partie)

J’avais stoppé l’article précédent sur les équipements des remparts, je vais vous présenter quelques éléments architecturaux qui vous aideront à mieux lire un château fort si vous avez l’occasion d’en visiter un prochainement.

1/ Les éléments situés sur les remparts (suite) :

a/ Le mâchicoulis :

Voilà un nom fort curieux ! Pourtant le principe est fort simple !
Observez la photo :

(source : wikimedia, auteur : Père Igor)

C’est une avancée en forme de balcon le long de la muraille dont le plancher est percé ce qui permet de voir la progression de l’ennemi au pied du château et si besoin, le mâchicoulis permet de lancer sur l’assaillant toutes sortes de projectiles : des pierres surtout, de la chaux vive, de la poix, du sable chauffé glissant dans les interstices des côtes de mailles (haubert) ou des armures.

Petite digression : La poix : liquide visqueux et collant obtenu par un mélange de goudron végétal et de résine. C’est une matière qui servait à imperméabiliser les navires.

Contrairement à ce que prétend la légende surtout véhiculée par le cinéma, il n’a jamais été question de jeter de l’huile bouillante sur les ennemis car c’était une denrée alimentaire bien trop chère.
En ce qui concerne, l’eau, il est permis d’en douter car en cas de siège, c’était une ressource vitale pour les occupants du lieu.

(siège du château de Brest, XVème siècle, Bibliothèque Nationale de France, domaine public)

b/ Les tours de flanquement :

Ce sont des tours situés entre deux courtines. La courtine est le nom donné au morceau de rempart reliant deux tours.

L’intérêt des tours de flanquement tient en leur nom : elles permettent de tirer sur le flanc du mur donc parallèlement. Les assaillants sont pris entre deux tirs croisés venant des tours de droite et de gauche.

C’est assez clair sur cette photo du château d’Angers :

(source : wikimedia, auteur : Romainberth)

c/ Corbeau, bretèche et échauguette :

Les tours de flanquement assez coûteuses sont parfois remplacées par des structures architecturales remplissant la même fonction mais moins chères.

L’échauguette est une guérite en pierre située à l’angle d’un mur. Elle permet le tir le long de la muraille. Elle peut être munie de mâchicoulis et de meurtrières.

(échauguette du château de Brest, source : wikimedia, auteur : Thesupermat)

Le corbeau a la même fonction que l’échauguette mais il est intégré dans le mur.

Fort de Colmar,(source : wikimedia, auteur : Epiméthée)
La bretèche est une avancée placée en encorbellement dans le mur d’enceinte munie ou non de mâchicoulis et de meurtrière.

Citadelle de Damas en Syrie, (source : wikimedia, auteur : Mewes)

d/ le hourd :

Hourd du château de Carcassonne, (source : wikimedia, auteur : lesvieuxchiensdetalus)

Il s'agit d' un balcon en bois débordant du rempart et protégeant le parapet, le chemin de ronde.
Quand une tour en porte, on dit que c’est une tour chaperonnée. Joli nom, non ?

Le plancher en bois étant mobile, les défenseurs peuvent à loisir observer le pied de la muraille, de lancer des projectiles sur les malheureux qui s’aventureraient trop près.

Observez le fonctionnement du système sur ce croquis de l’architecte Eugène Viollet-Le-Duc :

(source : wikimedia, auteur : Eugène Viollet Le Duc, source libre)

Difficile d'en ressortir vivant! Non?

2/ Donjon- haute-cour – basse-cour :

Les châteaux les plus élaborés disposaient de deux cours distinctes :

La basse-cour : accessible à tous en cas de danger. Les paysans avaient l’habitude dès l’alerte sonnée de se réfugier dans cette partie du château avec toutes les richesses qu’ils pouvaient emporter : c’est-à-dire le bétail et les récoltes.
Tout seigneur se devait de protéger les villageois de son fief : il y allait de son honneur de chevalier. Lors de l’adoubement, il jurait sur la Bible de protéger le faible et l'Eglise.

A noter : Le terme de basse-cour à la ferme provient du vocabulaire du château fort.

La haute-cour : elle est exclusivement réservée à la famille du seigneur, son personnel et aux gens d’armes. C’est là que le seigneur s’entraîne au maniement des armes.
C’est aussi la cour d’accès au donjon. Elle est protégée par une deuxième série de remparts parfois accompagnés de tourelle.

Vous les distinguerez assez clairement sur les photos qui suivent:

Forteresse de Hohensalzburg, source : pxhere, domaine public

La même forteresse vue de dessus, je ne place pas la photo dans l’article car ce n’est pas une source libre, n’hésitez pas à cliquer sur le lien qui vous mènera sur une vue en hauteur de cette forteresse :
La haute cour est couverte de pelouse sur la gauche.

Forteresse de Hohensalzburg, vue d'en haut

C'est assez compréhensible sur ce vieux château auvergnat:

(château de Montgilbert en Auvergne, source : flickr, auteur : Jelle Brok)

3/Donjon :

Le donjon, c’est le centre névralgique du château fort. C’est là que le seigneur vient se réfugier en cas d’assaut. Cette tour est souvent plus haute, plus fortifiée que les autres tours, elle fait parfois partie de l’enceinte mais ce n’est pas toujours le cas.

Jusqu’au 13ème siècle, le seigneur vivra à l’année dans le donjon. Par la suite, il préférera vivre dans le logis seigneurial : maison bourgeoise placée dans la haute cour du château, moins austère, plus lumineuse et facile à chauffer l’hiver.

Le donjon ne servira qu’en cas de danger important.

Les 3 photos vous montrent que le caractère imposant de ces structures architecturales : il fallait impressionner.
Tout était parfois une question de bluff !

Donjon du château de Vincennes, source : wikimedia, auteur : Xavier Caré

Château de Niort, (source : wikimedia, auteur : Antoine.gacioch)

Château de Mauvezin, Haute-Pyrénées, Source : wikimedia, auteur : Florent Pécassou

4/ bricole et perrière :

Perrière faite pour St Louis, 1250, Source : wikimedia, domaine public

Voici une défense active placée le plus souvent sur un rempart.
Les bricoles et perrières servent à expédier des pierres sur l’ennemi.
La portée est de 50 à 80m pour des projectiles de 10 à 30 kg.

J’ai aussi lu que parfois on l’utilisait pour renvoyer un prisonnier dans son camp.

Je ne sais pas si l’expression : « Il va t’arriver une bricole » est liée.

Son principe de fonctionnement est simple mais redoutablement efficace.
Elle est actionnée en tirant sur le balancier à l'aide d'un cordage, le contre-poids placée sur l’axe en bois démultiplie la puissance du tir.

Je reviendrai dans un autre article sur le fonctionnement de ces machines de guerre médiévales.

Bricole des Baux de Provence, Source : wikimedia, auteur : Emdee

J'espère que cet article vous aura fait passer un agréable moment culturel.

En lien, mes autres articles sur le thème du Moyen Age :

Mes sources :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Muraille
http://www.encyclopedie.bseditions.fr/article.php?pArticleId=10&pChapitreId=3626&pSousChapitreId=3646&pArticleLib=Attaque+et+d%E9fense+%5BLes+ch%E2teaux+d%92Alsace-%3ELe+ch%E2teau+-+G%E9n%E9ralit%E9s%5D
https://fr.wikipedia.org/wiki/Ch%C3%A2teau_fort
https://www.guedelon.fr/fichiers/guedelon-fiche-chateaux-forts_1431022969.pdf
http://www.moyenagepassion.com/index.php/2015/12/16/architecture-medievale-defensive-hourds-machicoulis-et-breteches/
https://fr.wikipedia.org/wiki/Bricole_(arme)
https://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A2chicoulis
https://soutien.profexpress.com/huile-bouillante-moyen-age/

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Histoire : Les défenses d'un château fort (2ème partie)