Le progrès de la connaissance scientifique en particulier dans le domaine médical soulève de plus en plus d’interrogations morales sur l’avenir de nos sociétés.

(credit photo : pixabay : ar130405)

En France, la dernière loi sur la bioéthique date de 2011.

C’est en lisant une revue que je reçois périodiquement : « Le Donneur de Sang Bénévole » que je suis tombé sur un article de fond traitant de sciences, de recherche et de dilemmes moraux.

Un sujet difficile, technique et philosophique qui m’a amené à pousser ma réflexion un peu plus loin que d’ordinaire.
J’espère que le traitement de ce sujet délicat vous semblera accessible et non rébarbatif.

Depuis quelques semaines se tiennent les Etats Généraux du Comité Consultatif National d’Ethique (CCNE), un sigle barbare certes mais une mission noble et capitale.
Cet organisme, créé sous la mandature de François Mitterrand, a pour mission de s’interroger et de donner des avis consultatifs sur des questions sociétales provoquées par l’évolution de la recherche dans les domaines de la médecine, de la santé et de la biologie.

Avis consultatif ? j’ai immédiatement pensé : « encore un rapport qui sera enfermé à double tour dans un tiroir poussiéreux !».

Eh bien ! Il n’en est rien ! Depuis 2011, en France, aucune loi dans le domaine de l’éthique scientifique ne peut être votée sans débat public organisé par le CCNE.

La prochaine loi sera votée à l’automne 2018 : nous sommes donc en pleins débats.

Voici un lien qui vous permettra d’y voir plus clair :
Etats Généraux de la Bioéthique

1/ Qu’est-ce que la bioéthique ?

Je cite ici la définition du site-internet : Futura-sciences :

« La bioéthique est une discipline qui étudie les problèmes moraux liés à la recherche en médecine, > > en génétique, en biologie en insistant sur leurs applications. Il s’agit de veiller particulièrement sur le > respect de l’être humain ».

Voici quelques problématiques :

le diagnostic prénatal/le risque d’eugénisme
le don d’organes/ le trafic d’organes
le recherche cellulaire/ le clonage humain.

Les sujets de questionnement sont nombreux et très actuels. Certains reviennent fréquemment dans l’actualité.

2/ Sur quels domaines porte la loi Bioéthique ?

La loi avait pour objectif, jusqu’à présent, de cibler quelques grands principes autour de la protection du corps humain et du respect de la personne en évitant de se montrer trop limitatif pour la recherche.

Voici les champs étudiés :

l’intégrité du corps humain et sa non-marchandisation
la non-brevetabilité du corps humain : sachez que la cartographie du génome est dans le domaine public et sert à d’innombrables recherches en particulier dans le domaine des thérapies cellulaires (portant de grands espoirs dans de nombreuses maladies : cancer, …).
l’assistance médicale à la procréation et la congélation des ovocytes
la greffe d’organes
la recherche biomédicale impliquant des humains
le clonage
la recherche sur l’embryon et les cellules

3/ Quelles questions sont à l’honneur cette année ?

Les récentes découvertes dans le domaine cellulaire (ciseaux de modification de l’ADN CRISP-R, séquençage de l’ADN ), l’intelligence artificielle, le traitement du BIG DATA rendent la loi actuelle un peu obsolète et amènent de nouveaux questionnements.

Ces questionnements sont de deux natures :

Les thèmes issus des progrès scientifiques et technologiques récents qui ouvrent de nouvelles possibilités mais aussi de nouveaux dilemmes.
Les thèmes sociétaux.

A/ Les thèmes scientifiques et technologiques :

A1/ Reproduction, développement embryonnaire et cellules souches :

(credit photo : pixabay : Dr Kontogianni)

Les questions éthiques sont importantes et sensibles dans ce domaine : comment allier la recherche sur l’embryon pouvant conduire à des découvertes fondamentales (thérapies cellulaires, compréhension de maladie néonatale, source de greffons, … ) et le respect de l’embryon comme personne potentielle ?

A2/ Dons d’organes et transplantation :

(credit photo : pixabay : scott23)

En France, le don du sang est gratuit et anonyme. Le don d’organes est lié au consentement du donneur.
Comment préserver cet état de fait alors que la demande est de plus en plus importante et nécessaire dans certaines pathologies et les besoins médicaux sont souvent non couverts ?
Comment éviter le piège du commerce de l’humain ?

A3/ Intelligence artificielle :

Les robots sont de plus en plus présents dans le milieu médical assistant en chirurgie, aide au diagnostic et à l’analyse de données en recherche…

Comment délimiter la responsabilité du praticien humain lors de l’utilisation de ces robots tout en respectant la dignité du patient ?

A4/ Génétique et génomique :

(credit photo : pixabay, typographyimages)

La recherche fondamentale dans ce domaine avance à grands pas. Dans de nombreuses pathologies, des liens entre génome et maladie sont faits à tels points que l’on commence à parler de médecine prédictive.

Comment généraliser ces outils de prédictions sans conduire la société à des dérives telles que la sélection prénatale, par exemple ?

A5/ Données de santé :

(credit photo : pixabay : geralt)

Un exemple concret : les objets connectés médicaux sont l’avenir de la médecine du quotidien.

Que faire de la masse de données accumulées (BIG DATA), comment préserver la vie privée si des données personnelles quotidiennes sont prélevées ? Comment protéger ces données du piratage et de l’exploitation de celles-ci par des personnes malveillantes?

B/ Thèmes sociétaux :

B1/ La procréation :

Faut-il ouvrir la procréation assistée, réservé aux couples hétéros, aux femmes seules, aux couples féminins ? Aux couples d’hommes ?

Le don de gamètes est rare et demeure insuffisant : comment satisfaire toutes les demandes sans aller vers la commercialisation de cellules humaines ?

Faut-il préserver l’anonymat des donneurs alors qu’une demande forte d’une partie des enfants nés des dons réclame l’identité de leurs ascendants biologiques anonymes ?

B2/ Fin de vie :

Faut-il légaliser l’assistance à la fin de vie lorsqu’aucune solution thérapeutique ne laisse d’espoir ?

Conclusion : La science progresse plus vite que l’opinion publique ou le temps législatif et soulève des questions morales dont les réponses définiront notre modèle de société à l’avenir.

Personne n’a envie de vivre à Gattaca ou dans le meilleur des mondes.

(credit photo : pixabay, ilovetattoos)

Dans quelle mesure apporter des réponses à ces questions sans brimer la recherche médicale : source d’espoir, de progrès mais aussi pourvoyeuse d’emplois qualifiés et peu transférables à l’étranger ?

Le juste équilibre repose finalement sur l’écoute de l’ensemble des composantes de notre société et ce n’est pas toujours simple de trouver un compromis acceptable entre recherche-économie- morale- et dignité.

Rendez-vous en octobre pour le projet de loi dont les débats seront, à n’en pas douter, animés.

Sources :

La revue : le donneur de sang n°93https://www.futura-sciences.com/sante/definitions/medecine-bioethique-15922/ https://etatsgenerauxdelabioethique.fr/ http://www.vie-publique.fr/actualite/faq-citoyens/bioethique/

Credit photo :

Pixabay, photos libres de droits: les auteurs sont cités dans l'article.

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