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Étudiant en Bachelor 3 à l’Institut Libre d’Études des Relations Internationales (ILERI)
Année 2019-2020
Points importants :
Ce mémoire étant trop long pour être publié en intégralité sur un seul post, il a été découpé en trois parties : 1) L'introduction et la première partie 2) La deuxième partie et la conclusion 3) Les annexes et la bibliographie que je vous invite à ouvrir en parallèle dans un nouvel onglet pour une meilleure compréhension.
D'autre part, il fut écrit avec une contrainte de 35 pages maximum, ce qui fut frustrant compte tenu de tout ce que j'aurai aimé pouvoir expliquer et dire, le sujet étant particulièrement large et passionnant, un livre devrait y être consacré.
Enfin, toutes les informations citées étaient valables le 10 juin 2020, date de rendu de ce mémoire (à l'exception d'une que je n'ai pu m'empêcher de mettre à jour). Je vous invite à creuser par vous-même et vérifier chacune d'entre-elle ("never trust, verify") car l'écosystème blockchain évolue très rapidement et beaucoup de points abordés ont également évolués depuis l'écriture de ce mémoire.
N'hésitez pas à partager ce travail s'il vous a intéressé !
Bonne lecture !
Sommaire
REMERCIEMENTS
INTRODUCTION
1. BITCOIN, CRÉE COMME UNE ALTERNATIVE AUX BANQUES, PORTEUR DE NOUVEAUTÉS
- COMPRENDRE L'ÉMERGENCE DU BITCOIN A TRAVERS L’ECOLE DE PENSÉE AUTRICHIENNE
1. Une remise en question du pouvoir étatique de battre la monnaie
2. La monnaie idéale de Nash et le Bancor de Keynes face à la monnaie de crédit
3. Le Bitcoin : « enfant » des politiques monétaires de crise ? - LA FINANCE DÉCENTRALISÉE (DEFI), LES PRÉMICES D’UNE RÉVOLUTION FINANCIÈRE AU NIVEAU MONDIAL ?
1. Finance de l’ancien monde contre finance du nouveau monde
2. Les limites de la DeFi
3. La Blockchain comme vecteur de confiance : le cas africain - MONNAIES PUBLIQUES, PRIVÉES, OU ÉTATIQUES : GUERRE DES MONNAIES A L’HEURE DE LA CRISE FINANCIÈRE ET ECONOMIQUE
1. Le sursaut international provoqué par Libra
2. La fragmentation de l’économie mondiale : un processus inévitable ? Focus sur le trio France/Allemagne/Pays-Bas
3. L’extraterritorialité du droit américain en danger
2. DÉVELOPPEMENT DE LA BLOCKCHAIN : UNE CONCURRENCE INTERNATIONALE FAROUCHE EN AMONT D’UNE POTENTIELLE ADOPTION DE MASSE
- L’ASIE, VÉRITABLE TERRE DE BLOCKCHAIN
1. Géopolitique du « minage » : place de la Chine et prospectives
2. Les écosystèmes blockchain chinois et états-unien
3. Les Dragons d’Asie de plus en plus incontournables - LES ASPIRATIONS DES BRICS AVEC LA BLOCKCHAIN
1. Une monnaie commune entre BRICS pour contourner le dollar
2. Chine, Moyen Orient et Russie : un rapprochement en vue de développer les nouvelles routes de la soie
3. Un outil de développement d’influence régionale - UN DÉVELOPPEMENT EUROPÉEN A PLUSIEURS VITESSES
1. L’émergence contrastées de « Blockchain Nations »
2. Malte, Estonie, Suisse : des paradis européens de la Blockchain ?
3. Le rôle de l’Union européenne
CONCLUSION
RÉSUMÉ
ANNEXES
LEXIQUE
BIBLIOGRAPHIE
Développement de la Blockchain : une concurrence internationale farouche en amont d’une potentielle adoption de masse
L’Asie, véritable terre de Blockchain
Géopolitique du « minage » : place de la Chine et prospectives
Le pouvoir chinois étant (logiquement) opposé au Bitcoin, il avance à reculons depuis des années sur le sujet des crypto-actifs, changeant sans arrêt son fusil d’épaule, mais l’on pourrait résumer sa position par « Vive la blockchain ! Mais contrôlée par l’État ! ». Xi-Jinping a annoncé le 24 Octobre 2019 qu’il souhaitait faire de la Chine le leader mondial de la blockchain, et deux jours plus tard une loi réglementant la cryptographie fut adoptée — en vigueur depuis le 1er Janvier 2020. Le paradoxe étant que dès 2017 les levées de fonds en crypto-actifs (ICO) furent interdites, suivit par l’interdiction des plateformes d’achat et de vente (« exchange ») ainsi que le trading de crypto-actifs. Le minage quant à lui a été menacé d’interdiction mais semble toujours bien se porter. La Chine concentre en effet à la fois l’écrasante majorité de la puissance de calcul du Bitcoin (cf annexe 15), soit 71% du « hashrate » sur la période allant de Septembre 2019 à Avril 2020, et à la fois les leaders mondiaux du matériel de minage (Bitmain et MicroBT détiendraient à eux seul 75% des parts de marché). La Russie arrive en deuxième position avec 6,1% du hashrate en moyenne sur la même période contre 5,3% pour les États-Unis. Viennent ensuite la Malaisie, le Kazakhstan (où le français FeelMining possède des fermes) et l’Iran, avec respectivement 3,8%, 3,1% et 2,7. Une des principales raisons à cela étant le faible coût de l’électricité chinoise (0,09$/kWh, contre 0,13$ en France, 0,11$ aux États-Unis ou encore 0,05$ au Kazakhstan). La région du Sichuan qui cumule électricité peu chère — grâce aux surplus des centrales hydroélectriques de la région — et facilité de refroidissement des fermes — grâce à son climat subtropical et ses moussons — génère environ 50% du hashrate du Bitcoin. Toutefois, le halving ayant divisé par deux la récompense de minage, les mineurs avec de vieilles machines ont été contraints de les stopper compte tenu de la perte de rentabilité or cela concernait beaucoup de machines chinoises. Ajoutons qu’il y a de plus en plus d’indicateurs montrant un début d’exil des fermes de minages chinoises. Certaines s’exportent aux États-Unis ou au Canada afin de ne pas dépendre d’un seul régulateur pour leur activités. En outre, le Texas vient d’accueillir la plus puissante ferme au monde.
Le minage semble être toléré car il permet aux acteurs chinois de récupérer une énorme quantité des Bitcoins produits et surtout à la Chine d’être en mesure d’influencer le son cours au gré de ses prises de positions. Notons que le fond d’investissement américain Grayscale a acquis 150% des Bitcoins produits depuis le halving. Mais l’enjeux pour la Chine est beaucoup plus grand : créer la première société sur blockchain et exporter son modèle à l’étranger. Elle a déjà mis en place le crédit social en fichant tous ses citoyens, et déployé la reconnaissance faciale à grande échelle : la gestion sécurisée des identités numériques sur blockchain était le chainon manquant. La blockchain, peut tout autant être utilisée pour libérer que pour surveiller, et Xi Jinping l’a bien compris. Ainsi, le 25 Avril dernier fut lancé le Blockchain Service Network (BSN), permettant à n’importe quel développeur et entreprise d’y créer des applications comme c’est par exemple le cas sur Ethereum. Ce projet s’inscrit dans le plan « Made In China 2025 », programme stratégique lancé en 2015 visant à faire de la Chine la première puissance mondiale en 2050, notamment sur le plan manufacturier et technologique.
Les écosystèmes Blockchain chinois et états-unien
Sans surprise, les BATX (Baidu, Alibaba, Tencent, Xiaomi) et les GAFAM n’ont pas manqué le rendez-vous technologique que représente la blockchain, à l’exception d’Apple qui semble frileux sur le sujet. Alibaba et Tencent ont déposé à eux seuls plus de brevets blockchain que la totalité des sociétés américaines (608, contre 1100 chinois et 300 dans le reste du monde). La myriade de projets qu’ils ont lancés, rachetés, ou auxquels ils se sont associés témoignent de leur volonté de peser dans cet écosystème naissant. Mais concentrons-nous sur les acteurs ayant émergés grâce à la Blockchain. Du côté américain d’abord, Coinbase est devenu la première plateforme d’achat et de vente de crypto-actifs aux États-Unis, totalisant 30 millions d’utilisateurs dans 32 pays, et gère pour 7 milliards d’actifs. Si Bitmain domine aujourd’hui le marché des machines de minage, ce fut longtemps la firme américaine Bitfury qui occupait la place de leader. Block.one qui est à l’origine du projet EOS.io ayant réalisé une levée de fond record de 4 milliards de dollar est également américaine. Algorand qui prétend résoudre le trilemme des blockchains - Théorisé par Vitalik Buterin : entre “scalabilité”, sécurité et décentralisation, une blockchain devra toujours techniquement privilégier deux caractéristiques car elle ne peut pas bénéficier pleinement des trois à la fois- avec 1000 transactions par seconde espère faire de l’ombre à Visa et Mastercard. Ripple (qui fut longtemps la 3ème plus importante capitalisation parmi les crypto-actifs) souhaite révolutionner les paiements interbancaires, tels que SWIFT. Enfin, le consortium R3 basé à New-York aide les entreprises de divers secteurs à développer des solutions adaptées à leur besoins sur sa blockchain Corda.
Du côté chinois, on peut citer NEO, réputé comme l’« Ethereum chinois », basé à Shanghai, ainsi qu’Ontology fonctionnant sur NEO. Ces deux blockchain (la première publique et la second privée) ont été développées par OnChain pour faciliter l’adoption des solutions blockchain. Contrairement à Apple, Huawei n’a pas hésité à annoncer dès juin 2018, l’intégration par défaut dans son AppGallery d’un portefeuille BTC.com (branche de Bitmain). Il faut dire que le gouvernement chinois pousse ses licornes à l’innovation. Le ministère de l’industrie et des technologies de l’information a lancé un groupe de travail sur la blockchain regroupant Huawei, Baidu, JD.com, Ant Financial (filiale d’Alibaba), WeChat (filiale de Tencent) et Tencent, entre autres. Cette dernière vient d’annoncer le lancement de l’Industry Blockchain League afin de coordonner le développement de la technologie, ainsi qu’un investissement de 70$ milliards dans la blockchain, la fintech, le cloud computing et l’IA sur les 5 ans à venir. De plus, le parlement chinois a proposé la création d’un fond destiné au financement du secteur blockchain. En effet, Le Blockchain Report 2020 note que 51% des fonds levés entre 2015 et 2019 ont bénéficié à des projets américains contre 18% seulement pour des projets chinois. Enfin, si du côté américain Libra semble encore loin d’être lancé, le crypto-yuan (DC/EP de son vrai nom) est déjà testé à Shenzhen, Chengdu, Suzhou et Xiongan. La Chine a ainsi une avance considérable sur le reste du monde et compte bancariser non seulement les 200 millions de chinois qui ne le sont toujours pas, mais également booster l’internationalisation de sa monnaie.
Ce dynamisme se retrouve également chez ses voisins qui ne manquent pas non plus d’ambitions et se donnent les moyens de leurs ambitions.
Les Dragons d’Asie de plus en plus incontournables
Les Dragons d’Asie, « the four Dragons », font référence aux nouveaux pays industrialisés que sont la Corée du Sud, Taiwan, Hong Kong et Singapour. Ces pays accueillent aujourd’hui de nombreux projets et entreprises blockchains de portée internationale, notamment certaines des plus grandes bourses de crypto-actifs au monde : Bithumb (Corée du Sud), Gate.io (Hong Kong), Upbit (Corée du Sud), Huobi (Singapour, qui a une branche en Russie), LBank (Hong Kong), BW.com (Singapour), CoinTiger (Singapour) pour ne citer que quelques exemples. Mais la liste serait incomplète sans évoquer le leader mondial Binance, fondé en Juillet 2017 en Chine. Suite à l’interdiction chinoise des exchanges en Septembre de la même année, Binance a décidé de déplacer son siège au Japon. Ce dernier ayant à son tour serré la vis concernant les exchanges, Binance déménagea vers Malte. Binance a connu un développement fulgurant, et s’est rapidement implanté sur chaque continent (cf annexe 16). Ne souhaitant pas abandonner le marché asiatique, ils ont ouvert une plateforme « fiat to crypto » à Singapour en 2019, et des bureaux à travers le continent asiatique, dont Taiwan. D’ailleurs, HTC basé à Taiwan, a annoncé souhaiter se consacrer au dévelopement de smartphones blockchain suite au lancement de son Exodus 1. Quelques mois plus tôt c’est la start-up singapourienne PundiX qui présentait son smartphone blokchain « Blok-on-Blok », BOB. Cette même start-up a créé la suprise mondiale en annonçant un partenariat avec Ingenico, le géant français des solutions de paiements, pour permettre à des millions de commercants singapouriens et indonésiens d’accepter les paiements en crypto-actifs.
Outre le domaine des crypto-actifs, les 4 Dragons ont fait émerger des cas très concrets d’utilisation de la blockchain. Dès 2018, une centaine de centres hospitaliers taïwanais étaient connectés à la Healthcare Blockchain lancée par le centre hospitalier universitaire de Taipei permettant un partage de données des patients plus efficaces entre les centres hospitaliers, mais également plus sécurisés. La capitale taïwanaise souhaite également devenir l’une des première villes intelligentes d’Asie si l’on en croit son partenariat avec la fondation allemande spécialisée dans l’internet des objets IOTA. LG CNS, la filiale de LG Group (sud-coréen), a annoncé en Juillet 2019 qu’elle allait utiliser sa blockchain Monachain pour permettre plus de traçabilité dans les chaînes d’approvisionnement des déjeuners des cantines scolaires. SK Securities (filiale du géant des télécommunications sud coréen SK Group) et Kasa Korea ont noué un partenariat pour gérer des titres immobiliers sur blockchain. SK Telecom, construit actuellement le STONledger, une plate-forme de blockchain d’entreprise et Sk Group a annoncé la création d’une plateforme de dons sur blockchain. Son concurrent KT s’est associé avec China Mobile pour développer des services 5G basés sur blockchain. Il est à noter que la Banque de Corée compte également développer sa propre CBCD d’ici décembre 2021. Et pour former les futurs experts blockchains dont le pays a besoin, le 22 mai dernier, l'université de Suseong et la Korea Artificial Intelligence Association (KORAIA) ont annoncé un partenariat dans le but de créer un campus universitaire entièrement dédié à l'IA et à la blockchain à Daegu.
Les Dragons d’Asie ont un intérêt technologique et économique à rester dans la course de la blockchain, mais d’autres États y voient un véritable moyen d’émancipation du pouvoir américain sur la scène internationale, les BRICS en tête.
Les aspirations des BRICS avec la Blockchain
Une monnaie commune entre BRICS pour contourner le dollar
En novembre dernier, les BRICS réunis à Brasilia ont signifié leur intention de créer un moyen de fluidifier les transactions entre leurs nations en évitant le dollar. Kirill Dimitriev (PDG du Russian Direct Investment Fund, RDIF) s’est effectivement félicité de la chute de 92% à 50% de la part du dollar dans les règlements du commerce extérieur des BRICS au cours des 5 dernières années. Il a ensuite plaidé pour un moyen d’accélérer cette tendance : « Un système de paiement interne aux BRICS fonctionnant efficacement peut stimuler les règlements en monnaies nationales et garantir la stabilité des règlements et des investissements entre nos pays, qui représentent plus de 20% de l’afflux mondial d’investissements directs étrangers ». C’est donc la Russie qui semble avoir pris le leadership pour l’instant sur cette solution. Les BRICS représentent environ 40% de la population mondiale, génèrent environ 20% du PIB mondial et participent à hauteur de 17% du commerce international. Depuis la formation des BRIC en 2006 (rejoints par l’Afrique du Sud en 2010), les échanges commerciaux entre ces pays ont très fortement augmenté, et la Chine représente sans surprise le plus gros partenaire des autre membres, soutenant de facto la croissance économique de tout le groupe (cf annexe 17).
Il est intéressant de noter, que déjà, en 1965, lors de sa conférence de presse du 4 février, Charles De Gaulle dénonçait la place du dollar dans le système monétaire international :
« Le fait que beaucoup d’états, acceptent par principe des dollars, au même titre que de l’or, pour les règlements des différences qui existent à leur profit dans la balance des paiements américains, ce fait entraine les américains à s’endetter, et à s’endetter gratuitement vis-à-vis de l’étranger car ce qu’ils lui doivent ils le lui payent, tout au moins en partie, avec des dollars qu’il ne tient qu’à eux d’émettre. (…) Nous estimons nécessaire que les échanges internationaux soient établis, comme c'était le cas avant les grands malheurs du monde, sur une base monétaire indiscutable et qui ne porte la marque d'aucun pays en particulier. Quelle base ? En vérité on ne voit pas qu'il puisse y avoir réellement de critères d’étalon autre que l’or. »
Ainsi, il se prononçait pour un nouvel étalon or, et contre le système monétaire international de Bretton Woods. Lorsqu’il fut abandonné, le dollar connut une très forte volatilité ce qui poussa une délégation de diplomates européens à réclamer des comptes auprès du secrétaire au Trésor américain John Connaly qui leur répondit : « Le dollar est notre monnaie, mais c’est votre problème ». Force est de constater que cette maxime est toujours valable aujourd’hui. Si le dollar représente toujours 63,5% des réserves des banques centrales (contre environ 20% pour l’euro, 4,5% pour le Yen et 1,1% pour le Yuan), cela risque de ne pas durer. La banque centrale russe a récemment vendu 96% des billets verts en sa possession. Dans le même temps, la Chine et la Russie ont considérablement augmenté leurs stocks d’or depuis la crise de 2008 : +224% pour la première et +474% pour la seconde (cf annexe 18). Il semblerait que ces puissances souhaitent remettre le Gold Standard au cœur du système monétaire international. La déclaration du président de la Shanghai Gold Exchange, Wang Zhenying, est en tout cas très claire et vise directement les États-Unis : « Le commerce international a besoin d’un nouveau système monétaire international par lequel aucun pays n’aura le pouvoir de geler les avoirs internationaux d’un autre pays. » De plus, ces positions pourraient jouer en faveur de l’or numérique (Bitcoin) qui est de plus en plus utilisé pour faire face à la crise, et notamment au Brésil, où la dévaluation de 30% du Real brésilien couplé à la baisse des taux d’intérêts de 3% pousse de nombreux particuliers à acheter du Bitcoin. Ce dernier s’était apprécié de 74% face au Réal entre le 01/01/20 et le 10/05/20.
Les « nouvelles routes de la soie » chinoises pourraient sceller de fortes relations économiques en Eurasie et au Moyen-Orient, excluant les États-Unis, toujours plus isolés.
Chine, Moyen Orient et Russie : un rapprochement en vue de développer les nouvelles routes de la soie
Le projet de « Nouvelles routes de la soie » (ou « Digital Silk Road ») lancé par la Chine, est d’une envergure sans commune mesure et projette d’être achevé pour le 100ème anniversaire de la République Populaire de Chine, en 2049. L’objectif est de connecter l’Union européenne (premier partenaire commercial de la Chine) à Pékin via des routes maritimes et terrestres en passant par pas moins de 65 pays (cf annexe 19) qui représentent ensemble plus du tiers du PIB mondial et plus de 40% du commerce mondial. Cela passe par un réseau d’infrastructure (autoroutes, lignes ferroviaires et ports) déjà existantes ou en construction que Xi Jinping propose « clef en main » (projet et financement chinois, voire acquisition) avec des prêts accordés par la Chine en contrepartie de quoi des entreprises chinoises sont impliquées. 410$ milliards ont déjà été investis par la Chine entre 2014 et 2018. L’objectif est multiple : sécuriser les routes commerciales — ainsi que ses approvisionnements en matières premières —, s’ouvrir de nouveaux marchés économiques — et faciliter ses exportations de matières premières comme l’acier et l’aluminium —, développer ses relations diplomatiques avec ses proches voisins tout en créant un marché eurasiatique autonomes — qui pourrait à terme se passer des États-Unis —, mais également contribuer à réduire les déséquilibres économiques internes au territoire entre l’est et l’ouest de la Chine. Pour parvenir à ses fins, elle a massivement prêté de l’argent à certains États, faisant craindre une spirale de surendettement dans plusieurs pays qui se traduirait par la cession des infrastructures à Pékin — comme ce fut le cas pour le port de Hambantota au Sri Lanka cédé pour 99ans à la Chine. Surtout, la Chine se donne ainsi les moyens de ses ambitions géopolitiques : réduire ses vulnérabilités géopolitiques (ex : solutionner le « dilemme de Malacca », ou passent 80 % de ses approvisionnements énergétiques et que les États-Unis pourraient aisément couper) tout en accroissant sa capacité de projection de puissance économique. Les États-Unis sont logiquement opposés à ce projet qu’ils considèrent comme étant un plan de conquête chinois. Aussi, la Chine semble vouloir instaurer de nouveaux standards et de nouvelles règles, une sorte de mondialisation à la chinoise, remettant éventuellement en question l’OMC. Sa BAII (Banque Asiatique pour les Investissements dans les Infrastructures, qui concurrence implicitement la Banque mondiale) fut spécialement créé pour la Digital Silk Road. Au-delà des infrastructures, des projets touristiques et juridiques ont vu le jour.
Or quoi de mieux qu’une technologie permettant une traçabilité sans faille et une homogénéisation des normes pour piloter ce projet ? C’est exactement l’objectif du développement du BSN (Blockchain Service Network) développé (et contrôlé) à l’échelle nationale mais déployé à l’international. La Chine s’est donnée les moyens de ses ambitions en impliquant dans le projet de grandes banques et ses géants des télécommunication et d’internet. Hong Kong et Singapour font partie des villes actuellement en test, mais des nœuds sont présents aux États-Unis, au Japon, en Australie, au Brésil, en Afrique du Sud, et en France. D’autres pays seront incités à rejoindre le réseau. L’objectif du BSN est de réduire les coûts d'exploitation, d'améliorer la flexibilité des échanges et d'assurer une meilleure surveillance réglementaire. Si le déploiement d’applications sur Ali Cloud ou Huawei Cloud peut coûter des dizaines de milliers de dollars, seulement 300$/an seront requis pour utiliser le BSN. Ce dernier, qui souhaite permettre l’interopérabilité des blockchains, a déjà ajouté et configuré plusieurs protocoles blockchain tels qu’Hyperledger Fabric (open source), Xuper Chain (Baidu) et FISCO (développé conjointement par Tencent, Webank, Huawei et des agences gouvernementales). Un comité national de la blockchain a également été établi (avec Tencent, Huawei et Baidu toujours) pour normaliser l’adoption de la blockchain en Chine. La plateforme de développement blockchain (sur Ethereum) de gaming Enjin basée à Singapour, qui avait fait les gros titres à la suite de ses partenariats avec Samsung et Microsoft en 2019, a également mis en conformité son portefeuille et ses services auprès des autorités chinoises.
Enfin, la Chine ne perd pas de vue son objectif de saper l’hégémonie du dollar et compte utiliser le BSN pour favoriser les échanges en crypto-yuan à l’international : tout pays (et commerçant) se trouvant sur la Digital Silk Road aura ainsi facilement accès à la DC/EP, dont l’utilisation sera bien sûr encouragée (condition pour des prêts avantageux ?).
Un outil de développement d’influence régionale
La technologie blockchain ne connaît pas de frontières et permet des économies d’échelle en gérant les échanges de valeurs entre des millions d’utilisateurs à via une seule plateforme. Promise à révolutionner de très nombreux secteurs, elle représente un enjeu stratégique pour les décennies à venir. En effet, les premières entités à trouver comment répondre efficacement aux problématiques auxquelles leur secteurs font face, seront très probablement les premières à s’emparer du marché qu’elles visent. En outre, la blockchain peut potentiellement être utilisée pour des causes louables telle que l’aide au développement, la lutte contre la fraude ou la contrefaçon, la lutte contre le changement climatique ou l’accomplissement des objectifs pour le développement durable. Mais elle peut également être un outil de soft power non négligeable. A ce titre, il est intéressant de remarquer qu’une seule société blockchain figure parmi la liste des sociétés qui aident à faire face aux retombées économiques de la pandémie de coronavirus publiée par l’ONU, et elle n’est pas américaine mais chinoise : Ant Financial. La société qui gère Alipay (filiale d’Alibaba) a développé Ant Duo-Chain, une plateforme visant à faciliter le processus de demande de prêts pour les PME chinoises. Alibaba a également provoqué la surprise en déposant il y a peu un brevet au Brésil pour une architecture blockchain, Ant Unicorn. Les services couvriront les secteurs des paiements par carte de crédit, de la sécurité des transactions, des échanges et transferts de devises étrangères, du traitement de la facturation de services publics, du trading de devises, de l’assurance, de l’immobilier et du courtage en transactions financières. Un renforcement des relations économiques entre la Chine et le Brésil sont-ils à prévoir dans les années à venir ? L’avenir nous le dira.
Dans un tout autre registre, mais également inattendu, Data Gumbo, une start-up américaine, a pour projet de lancer une plateforme uniformisée recueillant les données du marché de l’extraction pétrolière et a réussi à lever 6$ millions grâce au soutien de Saoudi Aramco. Les pays du Golfe n’ayant pour l’heure pas de standards concernant les données et les interprétations, sont la source de grands écarts de comptabilité entre les pays producteurs.
Un développement européen à plusieurs vitesses
L’émergence contrastées de « Blockchain Nations »
Lors de la Paris Blockchain Week en Avril 2019, le ministre de l’économie et des finances Bruno le Maire a déclaré dans une interview à Capital que « le développement de l’écosystème blockchain est une priorité pour le gouvernement », il a ainsi réitéré sa volonté de faire de la France une « Blockchain nation ». Ainsi, la France s’est dotée d’une législation claire avec la loi PACTE qui permet à l’écosystème de se développer avec sérénité et souplesse. Elle comprend notamment l’encadrement des levées de fond en crypto-actifs, dont la délivrance par l’Autorité des Marchés Financiers (AMF) d’un visa optionnel garantissant le sérieux d’un projet. Ainsi, la toute première ICO (« Initial Coin Offering », levée de fond en crypto-actifs) régulée vient de se terminer en levant 585 ETH (soit environ 130 000€ au cours du 2 juin 2020, 1 ETH= 222,5€). Il s’agit d’une start-up marseillaise nommée French ICO qui compte accompagner les futures entreprises souhaitant réaliser à leur tour une ICO. L’écosystème blockchain français (cf annexe 20) peut compter sur de nombreux acteurs pour accompagner son développement : l’ADAN, Association pour le Développement des Actifs Numériques, la Fédération Française des Professionnels de la Blockchain (FFPB) et le cabinet de conseil Smart-Chain entre autres. Le gouvernement ambitionne effectivement de faire de la France la référence mondiale du secteur, mais il n’est pas le seul à vouloir attirer talents et investisseurs en Europe. Toutefois il n’a pas hésité à appeler les nations européennes à adopter le même cadre juridique que la France en estimant que « notre modèle est le bon ».
Au cours de l’année 2019, le Luxembourg a adopté un projet de loi ayant pour objectif de sécuriser juridiquement les transferts de titres réalisés sur blockchain. En janvier 2019, l’Italie a voté un amendement pour donner une valeur juridique aux documents horodatés sur blockchain. Plus récemment, 32 banques italiennes ont annoncé qu’elles règleraient leurs échanges interbancaires sur la blockchain permissionnée privée Corda de R3 d’ici la fin de l’année. De son côté, l’Allemagne n’a toujours pas mis en place un cadre juridique claire concernant la blockchain, bien que le 29 novembre dernier le Bundesrat (le Conseil fédéral allemand) a approuvé un projet de loi permettant — comme vu précédemment — aux banques allemandes de stocker les crypto-actifs de leurs clients et de leur proposer des services d’achat et de vente de ces derniers (en passant obligatoirement par des partenaires spécialisés dans le domaine). Fait intéressant : la définition légale des crypto-actifs adoptée par l’Allemagne est très similaire à celle adoptée par la France, et c’est plutôt bon signe.
Le Président ukrainien souhaite également faire de l’Ukraine un leader européen numérique et cela se manifeste quelque peu différemment : le ministre de l’énergie a déclaré souhaiter utiliser l’excédent de la production électrique de ses centrales nucléaires pour miner des crypto-actifs et ainsi « s’assurer que les entreprises bénéficient de fonds nouveaux ». Le projet est déjà en phase de test, et c’est le site de Zaporizhia (la plus grande centrale nucléaire d’Europe) qui sera la premier mis à contribution à hauteur de 30MW. Si le test s’avérait concluant, ce chiffre pourrait monter à 1000MW.
Coté régulation, l’Ukraine se veut beaucoup plus laxiste que ses voisins européens concernant les cryptos-actifs, quoiqu’elle ne soit pas le seul pays à être dans ce cas-là.
Malte, Estonie, Suisse : des paradis européens de la Blockchain ?
Ce n’est pas pour rien si les plus importants exchanges en crypto-actif, Binance et OKCoin entre autres, ont décidé de s’implanter à Malte. Outre une législation très avantageuse ouvertement destinée à accueillir à bras ouverts non seulement les sociétés blockchain, Malte a reconnu très tôt le Bitcoin comme étant un actif légitime. Les particuliers souhaitant éviter les taxes de leurs pays sont également invité à venir ouvrir un compte sur l’île qui a décidé de ne taxer ni les crypto-actifs détenus par ces derniers, ni les plus-values réalisées. Toutefois le « day trading » (achat/vente de crypto-actif dans la même journée pour profiter de la forte volatilité des cours) est fortement taxé.
De même la Suisse a très vite cherché à attirer un maximum de sociétés et de particuliers au sein des frontières helvétiques. Les investissements réalisés par les individus dans les crypto-actifs sont considérés comme étant du domaine personnel et ne sont donc pas non plus taxés, pas plus que les plus-values réalisées. Le comté de Zoug est particulièrement réputé comme étant un eldorado depuis plusieurs années maintenant, une association a même été tout spécialement créée pour s’occuper d’attirer les entreprises étrangères et faciliter leur implantation : Crypto Valley. La Suisse se targue effectivement de proposer un environnement sûr, favorable et dynamique pour les entreprises et organisations. Elle a réussi à attirer Ethereum, ConsenSys (régulièrement consulté par l’Union européenne dans sa démarche de régulation autour de la blockchain), Tezos, Libra Network (la fameuse Libra Association) ainsi que Calibra (récemment renommé Nova, créé et possédé par Facebook pour développer le portemonnaie du projet Libra — et faire partie des membres de Libra Network sous un autre nom que « Facebook »). Toutefois, la Swiss Blockchain Federation a réalisé une enquête auprès de 200 entités blockchain basées en Suisse pour connaître l’impact de la crise sur ce petit coin de paradis : 80% d’entre elles pourrait faire faillite dans les 6 mois à venir. Et la Suisse ne semble pas souhaiter leur apporter son aide.
Enfin, l’Estonie est peut-être le pays européen le plus porté sur le numérique. Dès 2002, tout citoyens de plus de 15 se voyait attribuer une carte d’identité numérique. En 2005, l’intégralité du pays bénéficiait d’une couverture internet (ce qui n’est toujours pas le cas en France), devenir le leader européen en termes de blockchain était donc un objectif logique : depuis 2012 les registres du gouvernement sont enregistrés sur blockchain. Depuis 2016 elle attire les sociétés et les particuliers avec des mesures fiscales tout aussi avantageuses que la Suisse et Malte mais en proposant en plus un titre d’e-résidence. Or à force d’être trop laxiste, le pays se retrouve aujourd’hui impliqué dans un scandale financier international : la banque danois Danske Bank aurait fait transiter 200$ milliards blanchis par l’Estonie entre 2009 et 2015.
Tenant compte de tous ces enjeux et des ces problématiques, l’Union européenne compte bien soutenir cet écosystème naissant tout en veillant à ce que son développement se fasse dans un cadre sain.
Le rôle de l’Union Européenne
En 2018 déjà, l’Union européenne avait annoncé un fond 340 millions d’euros pour soutenir le développement de l’écosystème européen dans son plan Horizon 2020. Début 2020, on apprenait que seuls 170 millions sur les 340 annoncés avaient finalement été investis dans des projets blockchain (43 au total). Un quart de cette somme a été destinée à des projets blockchain dans le domaine de la cyber-sécurité, 1/5 dans celui de l’internet des objets et 1/5 dans celui de la santé. Les pays ayant le plus bénéficié de ces aides sont l’Allemagne et l’Espagne avec près de 20 millions d’euros, s’en suis la Grèce, puis le Royaume-Uni, l’Italie, et la Pologne. La France arrive ainsi à la 7ème position avec 6,2 millions pour le leader mondial français des portefeuilles sécurisés physiques de crypto-actifs Ledger. De plus, en Novembre 2019, l’UE a annoncé la création d’un fond européen de 100 millions d’euros à destination de solutions blockchain et d’intelligence artificielle. Il a été rassemblé par le Fond d’Investissement Européen (FIE) et la Commission européenne, qui ont prévu d’augmenter son montant de 300 millions supplémentaires grâce à des investisseurs privés. L’Union prouve ainsi qu’elle a compris que la blockchain et l’intelligence artificielle représentaient des enjeux stratégiques, et pas uniquement du point de vue technologique. Toutefois, l’argent dépensé a jusqu’à présent surtout été utilisé dans des « preuves de concept ». Or, cela pousse les entrepreneurs et développeurs européens à accepter des financements de la part de sociétés étasuniennes, ce qui constitue un problème de fuite des talents. En 2016, l’UE avait lancé le concours « Blockchains for social good » avec 5 millions d’euros à gagner sous forme de 5 prix. Les 5 vainqueurs du concours (1 millions chacun) devaient « générer des changements sociaux positifs en décentralisant et en désintermédiant les processus locaux ou globaux liés au développement durable ».
Aussi, en 2018 fut créé l’Observatoire-forum des chaînes de blocs de l’UE, il a rendu un premier rapport en avril 2019 sur la « tokenisation d’actifs physiques et l’impact de l’internet des objets et de l’IA » qui explique que la blockchain va jouer un rôle crucial dans l’émergence de systèmes basés sur la confiance décentralisée qui permettra d’identifier des objets du monde réel dans le monde numérique grâce à la tokenisation. La tokenisation désigne le fait de numériser un actif sous forme de jeton unique (cela peut s’appliquer aux titres de propriétés par exemple).
Sur le plan de la régulation, l’Union a fixé en 2018 un cadre réglementaire qui a pris effet le 10 janvier dernier : la 5AMLD, la 5ème directive anti-blanchiment d'argent. Elle oblige les États membres à prendre des mesures pour s’assurer du respect des processus de connaissance client (KYC, « Know Your Customer »). Ainsi, plus aucun portefeuille de crypto-actif n’est censé permettre l’anonymat. Toutefois, Europol a reconnu que les portefeuilles de crypto-actifs Monero étaient totalement intraçables et donc anonymes. En outre, Europol est actuellement en train de surveiller les sites de mixeurs de crypto-actifs qui permettent d’anonymiser ses crypto-actifs, comme le portefeuille Bitcoin Wasabi.
Enfin, la BCE travaille actuellement à la création d’une CBDC européenne et considère que le plus grand rempart à son développement est d’ordre philosophique.
Conclusion
« Les grandes crises constituent des tournants géopolitiques car elles impriment un rythme bien plus soutenu aux évolutions amorcées ou lancées. » Cyrille Bret exprime ainsi dans son article « COVID-19 Géopolitique du monde qui vient » comment les rapports de force internationaux peuvent être bouleversés à la suite de chocs majeurs, comme celui que nous traversons actuellement (une crise sanitaire, couplée à une crise financière et économique, exacerbant les crises politiques et stratégiques). Or les États-Unis voient tout à la fois la montée en puissance de la Chine sur la scène internationale et celle des crypto-actifs comme une menace sérieuse à l’hégémonie du dollar dans le système monétaire international. Si le dollar venait à perdre sa place monnaie de réserve mondiale, c’est toute la puissance financière et juridique américaine qui perdrait de sa portée. Washington n’hésite pas à les utiliser pour faire valoir les intérêts stratégiques étasuniens sur la scène internationale, mais de plus en plus de voix s’élèvent contre ce pouvoir. Pis, les tensions ne cessent d’augmenter entre Riyad et Washington. Dans le même temps, les relations entre Pékin et Riyad ne cessent de s’améliorer. Alors que les États-Unis ont amorcé un repli isolationniste sous Trump, Poutine et Xi Jinping ont multiplié les partenariats stratégiques multilatéraux ces dernières années. Les BRICS semblent bien décidé à poursuivre leur rapprochement, d’autant plus que la crise économique risque de les y encourager. Après avoir freiné pendant des années les élans fédéralistes de l’Union européenne, notamment sur le plan des nouvelles technologies et de la défense, Washington montre de plus en plus de signes d’abandon de ses alliés historiques que sont les Européens. Les États-Unis ne vont pas laisser la domination mondiale leur échapper, mais parviendront-ils à se maintenir ? Quid de l’émergence d’un nouvel étalon-or ? Un Bitcoin Standard, comme l’imagine dans son livre Saifedean Ammous, finira-t-il par émerger sous la pression des puissances émergentes ?
Quoiqu’il en soit les crypto-actifs, moqués puis pointés du doigt pour leur dangerosité, sont progressivement en train de devenir une évidence, tout comme la technologie qu’ils sous-tendent. Ils modifient profondément les relations internationales en abolissant les frontières, tout en permettant des approches plus régionales, voire locales.