Comment accepter le plus beau cadeau de monde

in #fr8 years ago (edited)

En fouillant dans mon vieille ordi, j'ai trouvé ce texte que j'ai écris quelques semaines avant d'entamer mes études post-secondaire. Je devais avoir 17 ans. J'ai mis en italique les bouts que j'ai ajouté aujourd'hui. Le texte me semble plus claire avec ces ajouts.

Quand j’étais petite, mon père m’a montré à aimer apprendre et, ma mère, comment apprendre. Ils se sont battus pour étudier jusqu’au bout, pour avoir leur bout de papier certifiant qu'ils savent ce qu'il faut savoir, même si souvent, ça fait chier. Mon père l’a fait malgré une dyslexie, trouble d’apprentissage totalement inexistant (inconnu) à l’époque. En fait, à ce moment-là, il y avait les intelligents qui allaient à l’université et les caves. Il était classé dans les caves, et a fini l'université avec l’amertume dans le sang.

Ma mère, la "fragile" de la famille, a poursuivi ses études entre l’angoisse et l’amour dans une famille en drame. Une chance que mon grand-père a été là pour lui dire de prendre le temps de s'assoir sur le balcon, 1 heure par jour. C'est important de se reposer.

Malgré toutes les difficultés émotives vécues, mes parents se sont rendus loin. Tout ça, parce qu’il avait le désir d’apprendre et que s’éduquer faisait partie de leurs valeurs. Pour qu’il puisse y arriver, il y avait des familles autour d’eux près à leur donner un coup de main._ Ils se sont accoté aussi._

Et moi, j'en suis où.

J’arrive à notre époque de productivité, de travaillisme et de mondialisation. Souvent, le travail ne demande rien physiquement. Tout semble donc s’être amélioré. Mais il est souvent impossible de décrocher, l’ère de la communication apportant certains désavantages. Tous doivent travailler très dur, pour trouver une place au soleil.

Il faut dire que nous sommes la première époque ou partir dans un club med est rendu important; il faut décrocher avant de s'accrocher. Peu importe où je regarde autour de moi et je ne vois que du travail. Il faut travailler en dehors des heures de classe : passe la mop, sert le café, choque-toi pas si le monsieur d’à côté te frôle une fesse. Ce travail-là, ça permet d’avoir l’argent pour aller faire ton travail d’étudiant pour pouvoir travailler, avoir un vrai métier.

Moi, j’ai une chance supplémentaire. Mes grands-parents ont vu juste en éduquant mes parents puisqu’aujourd’hui je peux récolter le fruit de deux générations de travail et d’étude. On me donnera donc un soutien financier pour que je puisse poursuivre cette tradition. Est-ce motivant ou stressant? Je ne le sais pas. Mais je vois, à travers ce monde travailliste, une option forte intéressante; celle de vivre comme je l’entends. Pour vivre comme je l’entends, j’ai besoin d’apprendre et c’est donc pour cela que je me dois d’accepter le plus beau cadeau du monde. C’est un héritage de familles, tous les membres de ma famille souhaitant prendre une partie de l’héritage ont eu la chance de le faire. La seule chose que je devrai à ma famille sera de le donner au suivant, à la prochaine génération, si jamais je choisis d’avoir des enfants. Mais, c’est peut-être un peu inclus dans le pacte.

J’accepte donc l’aide dont j’ai besoin pour me réaliser en échange de le faire un jour avec un autre jeune. Je le fais pour mes grand-parents qui ont eu le flair de voir les changements de société qui s’en venait et qui ont envoyé le plus d’enfants possible à l’université. Je le fais pour mon père et ma mère, pour moi-même et la génération future.

Ne pense plus jamais que tu ne mérites pas ce que tu as. Profite de la vie, aime, réalise-toi, vie ta vie et apprends de celle-ci.

Finalement, je n'ai jamais accepté ce cadeau, trop de pression pour moi.

Sort:  

oh, inspirant l'autre!
ca fait qq jours que je ne te trouve ici. C'est cool de vous lire de nouveau :)

Grippe et temps supplémentaire au travail (qui est forfaitaire en plus :( ) J'ai vraiment manqué de temps pour écrire. Ton texte sur le mucus a bien tombé. Et je suis très heureuse de voir que j'ai un publique qui attend mes textes :)

oh cette combination est terrible, grippe et travail mdr :D
mais bien sur vous avez un publique ! :)

Même si on ne te le dis peut-être pas assez souvent, je ne crois pas me tromper en disant que nous sommes plusieurs à attendre tes textes. @evildido pense qu'il est ton plus grand fan, mais il se trompe peut-être... personnellement, chaque fois que je vois que tu viens de publier un article, je m'empresse d'aller le lire.

Nous ne disons pas assez aux gens que nous apprécions leur travail...

Car souvent, on manque de mots (face à ta plume et tes propres mots).

En tout cas, c'est mon cas, mais sache qu'à travers tous tes textes il y a toujours un moment qui me touche, me parle, m'interpelle...

Cette fois-ci, j'ai aimé ce passage tout particulièrement :

Une chance que mon grand-père a été là pour lui dire de prendre le temps de s'assoir sur le balcon, 1 heure par jour. C'est important de se reposer.

Ma maman fait de même... Mais je l'oublie trop souvent... Tes mots me touchent.

Merci, vraiment merci pour ton commentaire. Ça me touche. C'est exactement pour ça que j'écris ou que je raconte. Souvent, quand je manque de mots pour dire ce que j'ai a dire, j'en invente et les gens croient que j'ai du vocabulaire.Tout ça pour dire que peu importe comment c'est dit, tant que c'est fait avec bienveillance, ça me convient.

Et n'oublie pas de t'assoir 1 h sur ton balcon ;)

J'aime ta conclusion! on sent tout l'amour et le respect que tu as pour le cheminement de ta famille, ce qu'ils ont accomplis... Les questions que tu te pose, la façon dont tu penses t'y prendre pour les rendre fière, et accomplir toi même ce travail de transmission... Mais au fur et à mesure où la lecture se déroule, on ressent une pression, comme un poids qui vient s'installer sur tes frêles épaules (17ans)... Et finalement ta conclusion courte mais clair

"Finalement, je n'ai jamais accepté ce cadeau, trop de pression pour moi."

On y ressent comme un soulagement, comme le lâché d'une hirondelle vers une liberté qu'elle a trouvé e dehors des sentiers pré-tracés...

Magnifique texte, vraiment. Inspirant, et qui me pousse dans ma reflexion parentale. Merci!

Ça fait vraiment plaisir à lire. Sur ce mon père m'a dit: " Par hasard, le nom que l'on t'a donné signifie "pur mystère". Je ne comprends pas tes choix, tu vas toujours rester un mystère mais je sais bien que ça mène vers quelque part". Ou quelque chose qui sonnait un peu comme ça.

Il semble alors que ton nom prenne tout son sens dans ta vie! C'est beau la confiance qu'on lit dans cette réponse ! On ne te comprend pas mais on te fais confiance !