Le prunier : être parent trop tôt?

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Les pruniers prennent leurs temps avant de donner des fruits. Ils prennent le temps de vivre, de profiter du soleil, et de faire leurs expériences. Mais il arrive un moment où la communauté du champ veut que les jeunes portent leurs fruits, qu’ils participent aux cycles de la vie.

Vu la pression exercée, deux pruniers amis se sont collés pour produire leurs récoltes. Une fois les fleurs fécondées, leurs vies allaient changer à tout jamais.

Leurs responsabilités; permettre aux prunes d’atteindre la maturité, veiller contre les prédateurs et les tenir de toutes leurs forces pour éviter que le vent et les tempêtes les abimes et les tuent.

Vraiment, la vie ne sera plus jamais la même pour les deux pruniers. Leurs relations non plus. Plus de temps pour leurs expériences personnelles pour profiter du soleil. L’un d’eux commençait à se sentir en colère contre ses chers fruits qu’ils aimaient de tout cœur. En effet, il avait l'impression que ses petites prunes lui avaient volé sa jeunesse. Ils se sentaient terribles de penser cela. Comment pouvait-il oser être en colère contre les êtres qu’il aimait le plus ? Une honte, une horrible honte le paralysait. Il se disait qu’il aurait voulu avoir chacune de ses petites prunes un printemps plus tard, juste pour profiter du soleil encore un peu. D’ailleurs, ses fruits sentaient cette émotion, ce qui faisait d’autant plus mal a leur parent honteux.

Certaines personnes ont le don de voir la détresse d'autrui. Un vieil arbre surveillait le jeune parent. Il interpela le jeune arbre.

Le vieux: « Dis donc, cher ami, échangerais-tu tes petites prunes contre de la richesse? »

Le jeune parent : « T’es malade de me demander ça! NON »

Le vieil arbre : « Échangerais-tu tes petites prunes contre d’autres petites prunes ? »

Le jeune : « Jamais ! Pourquoi tu dis ça? »

Le vieil arbre : « Ben, si tu avais eu tes enfants plus tard, t’aurais peut-être ben accumulé plus de richesse parce que tu aurais gardé ta photosynthèse pour toi, mais t’aurais pas eu tes prunes : c’est une réalité génétique. »

Tout ceci n’aidait pas beaucoup le prunier qui se sentait davantage coupable.

Devant le visage au désarroi du prunier, l’aïeul ajouta ; « Je te vois faire. Tu dis à chaque jour à tes petites prunes que tu les aimes, pis tu leur montres. Tu fais ça même si tu es en colère, même si t’as des regrets, même si tu voudrais revivre des bouts d’adolescence. Imagine la force du message que tu leur envoies. »

« Que je suis égoïste », dit le parent

« Non, tu dis à tes enfants qu’ils méritent tellement d’être aimés que même s’ils sont arrivés au mauvais moment dans ta vie, il mérite tous les sacrifices que leurs parents font pour eux. La colère que tu vis est normale, tous les adultes ont dû faire le deuil de la jeunesse, et la colère fait partie du processus ».

En son for intérieur, le prunier en colère sait que ses petits fruits sont plus important pour lui que tout. Jamais des êtres n’avaient réussi à la toucher autant. Dans ces réflexions, le prunier regardait ses petites prunes se balloter dans le vent en profitant du soleil. Il en profita pour leur raconter une épopée de cette jeunesse qu’il a tant aimée. Le soleil est toujours là, la vie continue à offrir ses expériences, il suffit d’en profiter. Sans honte, la colère est écoutée ce qui permet de faire place à l’adaptation.