Une chanteuse d’opéra est comme un sportif de haut niveau. Une hygiène de vie irréprochable, et l’obsession de pouvoir assurer vocalement l’opéra jusqu’au bout.
Cela veut dire nourriture saine, pas d’alcool, sommeil et pas de sexe. C’est l’ascèse de l’artiste. Une chanteuse a une respiration abdominale, et à moins d’être une vraie planche et de ne pas bouger, les galipettes sollicitent la contribution des abdominaux. Mais nous n’allons pas en faire un opéra !
En revanche, je dois vous parler de cette angoisse toujours présente de la maladie. Une angine, un rhume, et la voix en est altérée. Pourtant le spectacle doit avoir lieu, coûte que coûte. Et à moi aussi, il m’est arrivé d’avoir une extinction de voix. Imaginez un coureur du 100 mètres qui se foule une cheville. C’est pareil.
Pourtant c’est une salle comble, avec des centaines voir parfois des milliers de spectateurs, qui avaient payé leur place et attendaient avec impatience la représentation. Il m’était difficile de me faire remplacer ou de payer un dédit. Si je n’assurais pas la représentation, je devais rembourser le coût du spectacle. Ce qui n’était pas absolument pas réalisable.
C’est donc à cette époque que j’ai appris à me faire des piqures de cortisone. Si bien que la femme de chambre, trouvant les seringues dans les poubelles, se demandait si je n’étais pas une toxicomane. Les clichés vont bon train, une artiste a forcément une vie de marginale.
Je me faisais des piqures de cortisone juste avant le spectacle, et les organisateurs faisaient une annonce au début pour s’excuser que la chanteuse étant malade, elle risquait d’avoir une défaillance.
Pourtant j’ai tenu jusqu’au bout. Sauf une fois, où ma voix s’est éteinte pour la dernière phrase que je devais chanter. Le public s’apercevant de mon état, de mon courage, et de ma persévérance pour mener à bien les 3 actes de Paillasse, se leva et me fit une ovation.
A ce moment toute la tension nerveuse retomba, la fatigue m’envahi et l’émotion me submergea.
Quand on est artiste, on recherche la décharge d’adrénaline. Si bien qu’en dehors de la scène j’ai un jour été attirée par le parachutisme. Pourtant j’ai peur du vide, j’ai le vertige, mais ce besoin de sensations toujours plus fortes ne me quitta jamais.
J’ai donc sauté une fois, mais pas deux. J’ai eu la trouille de ma vie.
Pourtant, lors d’une représentation à Lyon de « La Mascotte » dans le arènes de Fourvière, le metteur en scène eu l’idée saugrenue de vouloir me larguer sur scène en hélicoptère. Toutes les images de mon saut en parachute me sont revenues, cette sensation du vide, et cette adrénaline qui était plutôt de la peur.
J’ai dis non. Hors de question que je descende dans le vide, accrochée par un filin. Surtout dans ma belle robe de soirée en crinoline.
J’ai donc imposé ma version de l’entrée en scène. Ce n’est pas moi qui saute de l’hélicoptère, mais c’est l’hélicoptère qui va se poser directement sur la scène, devant la foule étonnée et ébahie en me voyant descendre et commencer à chanter.
Quand on est artiste, on ne doit pas manquer d’air et avoir une hygiène de vie redoutable, ce qui n’a pas toujours été mon cas…
Strass et paillette avec une once de danger mais aussi de risque ! Superbe témoignage ! Upvoté à 100% !
Une vie monastique pleine de risques, c'est assez originale!