La vraie vie de Bigflo & Oli, ou comment rapper sur le quotidien

in #fr7 years ago

album

Ça fait déjà pas mal de temps que je n'écoute plus de rap fait par Bigflo & Oli, soit parce que j'ai finit par m'en lasser, soit parce que certains de leurs titres plus récents n'étaient pas à mon goût. Cependant, lorsque j'ai vu sur Deezer que leur nouvel album, La vraie vie, était sortit, je me suis dit que j'allais leur donner une chance. J'ai été après tout un fan d'eux il fut un temps et, au fond de moi, je sais qu'ils sont capables de sortir des merveilles. J'ai écouté l'album plusieurs fois et je suis finalement prêt à rendre mon verdict, gardez à l'esprit que je ne suis pas professionnel du tout dans le domaine de la musique, je n'exprime que mon ressentit en écoutant l'album. Aucun son n'est mauvais mais quelques uns passent un peu inaperçu quand on les compare à d'autres. Je vous présente donc mon avis sur La vraie vie de Bigflo & Oli, sortit le 23 juin en magasin.

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          bronze    Pas d'envie de réécouter            

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play   1. La vraie vie
silver

Comme souvent dans les albums de rap, un son porte le nom de l'album en question. La vraie vie sert d'introduction au reste qui parlera justement de la vraie vie, et pas de la vie de riche avec de belles voitures et des femmes en bikini comme on a tant l'habitude de le voir avec certains rappeurs. J'ai eu le plaisir d'y retrouver l'esprit du rap qui était déjà apparu dans Atlantis et La cour des grands. Un texte avec beaucoup de bon mais aussi un peu de mauvais, principalement pour le passage parlant d'Orelsan qui manque de punch :

Dans ce milieu j'ai été très déçu, j'te l'dis tout d'suite
Comme la fois où Orelsan nous a refusé l'feat
Pourtant il sait combien on l'aime
Allez, sans rancune, mais un peu quand même

Passage préféré :

Mes proches essaient d'me préparer au pire
Bienveillants ils m'disent : "Le rap ça dure pas toute une vie, une carrière c'est rapide"
Quand ils sont en studio, ils ont le regard vide
Ils savent tous que si ça marche pas, moi j'me suicide !

play   2. Alors alors
bronze

Dans ce son, Bigflo et Oli s'adressent directement à un de leurs potes qui est partit sans donner de nouvelles. Ils essaient de savoir ce qui lui est arrivé, où il est et si il les évite ou non. Personnellement, ne m'étant jamais retrouvé dans ce genre de situation, ce son ne m'a pas beaucoup touché mais je suis bien conscient que ce ne sera pas le cas pour tout le monde.

Passage préféré :

Chaque jour
J'te vois partout !
Ils disent que tu reviendras pas, que t'es malade, que t'es mort
J'aimerais que tu sois là, juste pour leur donner tort

play   3. Personne
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Bigflo et Oli ne pouvaient pas faire mieux pour faire passer le message que personne n'écoute les paroles. Avec un refrain qui reste en tête composé de seulement 5 mots et un passage près de la fin répétant "La la la la..." plusieurs fois avec du rythme. C'est un son rythmé où le refrain est presque sans paroles alors que le reste du texte est une plainte de Bigflo et Oli de ne pas pouvoir parler de sujets importants car ça n'intéresserait pas la majorité. Un concept qui est au final le même que celui d'Up Saw Liz par Stromae traité d'une façon plutôt similaire.

Passage préféré :

Les plaines se remplissent de drôles de graines
Si j’t’aime, j’t’offre un bouquet d’OGM !

play   4. Salope !
silver

Ayant récemment vu The Chosen Ones sur Netflix, ce son m'a plus touché qu'il ne l'aurait fait en temps normal. Il nous est raconté le quotidien d'une prostitué qui ne l'est pas devenu par choix mais par obligation de nourrir son enfant. Une chanson faite avec plein de bienveillance et d'honnêteté. Je n'ai pas su me décider sur le passage qui m'avait le plus marqué, donc j'ai décidé de vous en donner deux.

Passages préférés :

Un combat contre la montre, elle danse avec son ombre
Bien trop jeune pour faire le plus vieux métier du monde

Sa mère pense qu'elle est engagée comme danseuse dans un cabaret
Mais sa scène fait deux mètre carrés
C'était la plus belle quand elle était au pays
Elle lui donne des nouvelles, des mensonges bien écrits

play   5. Trop tard                 ft. JoeyStarr
gold

On arrive sur le son le plus complexe de cet album. Aux premières écoutes, on pourrait comprendre que c'est simplement une chanson sur une histoire d'amour entre deux personnes, l'une de la ville et l'autre de la campagne. Hors, en regardant un peu le champs lexical de la chanson, on se rend compte que ce n'est pas le cas. Ce son parle en fait d'addiction à l'alcool et à la drogue. Le premier couplet traite de l'alcool avec des passages comme "lui montait à la tête", "saoulant", "elle l'avait dans le sang", "buvait ses paroles" et plein d'autres. Pour le deuxième couplet, on peut trouver "parfum de fleur", "il l'avait dans la poche", "couchés dans l'herbe", "il avait plus d'air" pour n'en citer que quelques uns.

Passage préféré :

Elle restait belle mais qu'est-ce qu'elle était mal
Il lui a jamais rendu visite à l'hôpital

play   6. Papa                         ft. Leur père Fabian Ordonez
gold

Les fans de Bigflo et Oli devraient savoir qu'ils ont toujours voulu faire un son avec leur père qui est lui même chanteur. C'est chose faite avec ce morceau sur les papas très touchant, j'ai mis la version live sur le bouton play car ça parait plus authentique de voir le lien qu'ils ont avec leur père en chantant. J'ai toujours aimé quand les artistes chantaient sur leur famille en bien ou en mal, voici donc une playlist de morceaux d'autres artistes qui ont fait de même (cliquer ici), dont Orelsan qui chante avec sa grand-mère ! Pour écouter un son aux antipodes de celui-ci, je vous conseille Dieu Merci de Sneazzy.

Passages préférés :

Il m'a laissé veiller devant les films que j'aimais bien
Il m'engueule jamais, le pire c'est quand il dit rien

Il les invite à partager le repas
Mon père c'est le meilleur mais ça se compare pas

play   7. Répondez-moi
silver

D'emblée, ce son fait penser à Je suis, qui est un autre de leurs morceaux sortit dans leur album La cour des grands. Bigflo et Oli se mettent cette fois-ci dans la peau des fans qui leur écrivent des commentaires afin de nous faire voir à quel point leur public est varié. Ils montrent surtout qu'ils essaient de lire leurs commentaires mais qu'ils ne trouvent pas le temps à ça et cette chanson est une manière de se faire pardonner.

Passage préféré :

Bonjour je m'appelle Martine et j'ai quarante-six ans
Malheureusement j'ai perdu ma sœur dans un accident
Travailler entre frères, dites vous que c'est une chance
Quoiqu'il arrive, promettez moi d'rester ensemble

Eh Oli, bravo pour ta plume, t'écris trop bien
T'as un truc en plus que ton grand frère a en moins
Il est pas nul mais ça m'fatigue son délire d'rigolo
Quand est ce que tu nous le sors ton putain d'album solo ?

Je sens que ce choix-là est à justifier. J'aime bien ce passage car on voit la contradiction entre l'avis de leurs différents fans, certains voulant un album solo d'Oli tandis que d'autres ne veulent jamais les voir se séparer. Personnellement, je suis du dernier de ces avis, ils sont complémentaires et sans l'un, l'autre n'excellerait pas autant.

play   8. Olivio
silver

Ce son est le deuxième titre en solo d'Oli, après avoir fait Le philosophe sans la barbe. C'est donc un morceau un peu à part dans lequel il nous parle le plus authentiquement possible de sa vie et de son parcours qui l'ont mené au rap. Avec ce son, Oli nous prouve à tous qu'il est parfaitement capable de rapper en solo même si je le trouve quand même meilleur accompagné de son grand petit frère comme il l'appelle. Voilà sa première chanson en solo et en live pour faire la comparaison :

Passage préféré :

Notre mère, une lumière dans la brume
J'ai vu cette guerrière chasser son cancer comme si c'était un rhume

play   9. La vie normale
silver

La vie normale parle du sentiment des deux rappeurs de ne pas avoir changé. Ils n'agissent pas comme toutes les personnes qui ont autant d'argent qu'eux mais restent ceux qu'ils étaient avant et vivent comme si ils avaient les mêmes moyens qu'avant. Le pont l'exprime d'ailleurs très bien quand ils disent croire être restés bloqués dans la vie normale. C'est un son qui m'a un peu fait penser à Gangsta, qui exprimait aussi le fait qu'ils ne cherchent pas à être bling-bling.

Passage préféré :

Quand tout s'arrête, gros faut du courage
Trop ont fait les beaux quand j'demandais un autographe
Moi j'leur ai dit pas grave, mais quand la vraie vie t'rattrape
Seul dans ton lit, oublie le bruit des flashs des photographes

play   10. Autre part
gold

On arrive sur mon morceau préféré de l'album qui est construit en deux parties. La première est celle d'une personne qui ne se sent plus à sa place sur Terre et qui est sur le point de se suicider si on ne l'aide pas. La deuxième est celle de la personne recevant la lettre de désespoir de la première partie, et faisant tout pour éviter que son proche se suicide. Le son est très poignant et chaque mot choisi a son propre impact dans le texte. Je n'ai pas pu m'empêcher de penser à Suicide Social d'Orelsan en écoutant ce morceau, qui est un des mes raps préféré de tous les temps.

Passage préféré :

L'avenir c'est un mur qu'il faut casser à mains nues
S'accrocher et forcer, et monter pierre par pierre
Le futur c'est un mur qu'il faut briser à mains nues
Et j'suis même plus sûr de vouloir voir ce qui se passe derrière

play   11. Dommage
bronze

Je ne suis pas très fan de ce morceau-là, même si je dois reconnaître qu'il part d'une bonne intention comme d'habitude avec ce duo. Dommage nous dit simplement qu'il faut saisir les chances qui apparaissent tant qu'il est encore temps, sinon on le regrettera plus tard, d'où le titre. Ça ne va pas beaucoup plus loin que ça malheureusement à part le dernier couplet qui parle du sujet plus sérieux de la violence domestique duquel est donc tiré le passage qui m'a le plus marqué. Les couplets de Bigflo sont plus gentillets que ceux d'Oli sur ce morceau.

Passage préféré :

Pauline elle est discrète, elle oublie qu'elle est belle
Elle a sur tout le corps des tâches de la couleur du ciel
Son mari rentre bientôt, elle veut même pas y penser
Quand il lui prend le bras, c'est pas pour la faire danser

play   12. Ça va trop vite   ft. Busta Rhymes
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Je suis encore surpris qu'ils aient réussi à avoir Busta Rhymes en featuring et le son est parfait pour un artiste pareil. Ça va trop vite vous dit déjà tout dans le titre. C'est une critique de la jeunesse qui veut tout beaucoup trop vite, et quoi de mieux pour ça que de l'exprimer en rappant vite ! Contrairement à ce qu'on pourrait croire, malgré les paroles rapides, qui masquent parfois des paroles faibles dans le rap, ils sortent un texte travaillé et parfait. Le meilleur reste tout de même le passage de Busta Rhymes qui est fait pour rapper rapidement, pour ceux qui ne le connaissent pas, voici un de ses sons que j'aime bien :

À la fin de Ça va trop vite sur l'album, on peut les entendre écouter une vidéo Youtube où Bigflo se rate en live, la vidéo est la suivante :

Passage préféré :

Et les défilés filent, s'imaginent à Philadelphie
Pour enfiler des filles fines comme des fines fouines
Le profil en wifi quand l'école est finie
Rêvent de la belle villa dans les Fidji comme dans les films

play   13. Sac à dos             ft. Chorale ANIMA
silver

Une musique qui exprime leur nostalgie de l'enfance et de l'adolescence alors qu'ils sont en période de transition à l'âge adulte. Ils évoquent leurs souvenirs en parlant à leurs amis et en évoquant les moments passés ensemble. Ce track me fait beaucoup penser à Place des grands hommes de Patrick Bruel dans lequel le chanteur évoque aussi les souvenirs d'il y a 10 ans avec sa bande d'amis.

Passage préféré :

Ni un adulte ni un ado
J'essaye de garder la tête sur les épaules
Sur les épaules, la trace du sac-à-dos
Pourtant ça fait longtemps, qu'j'ai quitté l'école

play   14. Dans mon lit
silver

Dans mon lit relate à quoi pensent les deux frères quand ils sont dans leur lit juste avant de s'endormir. Ce moment où on attend de fermer les yeux et que notre cerveau se met à penser à plein de choses à la fois. De plus, ce son est une très bonne cloture pour leur album avec Oli qui termine son couplet par "Je ferme les yeux".

Passages préférés :

Ma voisine a la même vie qu'Al Pacino
Elle prend des pilules et perd son fric au casino

Une sirène d'ambulance s'est glissée sous ma fenêtre
La main sur le cœur, j'ai trop peur qu'il s'arrête

play   15. Je suis
gold

Déjà présent dans La cour des grands, je considère ce morceau comme un bonus ajouté à l'album. J'imagine qu'il a été ajouté car le thème correspond plutôt bien à la vraie vie. Pour voir une vidéo d'analyse de cette chanson, je vous conseille fortement l'analyse de LinksTheSun qui est très détaillée.

Passage préféré :

L'entièreté du morceau !


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 7 years ago  Reveal Comment

Merci ! Je ne sais toujours pas lequel des deux albums je préfère pour être franc. D'un côté, j'ai la nostalgie qui doit sûrement joué un peu quand je réécoute le premier, notamment quand je pense à Monsieur Tout Le Monde qui m'avait bien marqué à l'époque. De l'autre, j'adhère à plus de sons dans le deuxième, surtout Ça va trop vite et Autre part. Mais les deux albums sont très bons de toute façon, reste plus qu'à voir ce que donnera le troisième !

 7 years ago  Reveal Comment