Source Pixabay
Pendant le temps durant lequel elle m'avait demandé de patienter, je relus mes notes. J'avais, en effet, pris soin d'appeler Nelly juste avant afin d'obtenir des informations que je ne connaissais pas et dont je pouvais avoir besoin pour ne pas être pris au dépourvu au cas où l'on me pose des questions.
« Alors, j'ai vu que vous aviez déjà eu une première donneuse.
— Oui, c'est bien ça.
— D'accord. Il faudrait que vous passiez dans la semaine.
— Oui, bien sur si c'est nécessaire mais cela sera plutôt dans trois semaines le temps de l'accord de la prise en charge de soins et du transports.
— Ah, c'est dommage de perdre du temps, on va essayer de régler les choses par téléphone et par mail, vous n'allez pas venir pour ça.
— Super. »
Elle me demanda tout un tas de renseignements administratifs, m'indiqua que Nelly allait recevoir un mail avec toute la procédure, que j'allais recevoir un courrier avec la prescription du traitement pour la stimulation et un mail avec la procédure de stimulation.
Je devais les rappeler dés réception afin de confirmer que tout était clair et leur préciser le premier jour de la stimulation.
AOÛT 2012
J'entamai mon cinquième mois de stimulation sans résultat probant. Les stimulations n'avaient évidemment pas pour objectif de favoriser le développement de plusieurs follicules sur un cycle d'ovulation même si, secrètement, je me surpris à y rêver mais elles devaient permettre le développement de l’endomètre, muqueuse qui recouvre l'utérus, en vue de favoriser la nidation de ou des embryons.
Et là, l'objectif était clair : Neuf millimètres ou rien ! Si la paroi de mon utérus n'atteignait pas cette toute petite mesure, rien ne serait possible car évidemment il était inutile de transférer un embryon dans un utérus qui n'était pas prêt à le recevoir. L’endomètre se développe pendant la première partie du cycle menstruel dans le but de recevoir un éventuel ovocyte fécondé par un spermatozoïde. En l'absence de fécondation, la muqueuse se desquame en seconde partie de cycle pour aboutir à l'élimination sous forme de règles.
Ayant de très bonnes connaissances médicales, je maîtrisais bien l'enjeu et j'étais stressée à l'idée que mon utérus, n'ayant pas été stimulé naturellement depuis des années à cause de ma ménopause prématuré, face le fainéant...
Source Wikipedia
NOVEMBRE 2012
Ouf, enfin, la première échographie correcte, ça y est nous y sommes arrivés, 9 mm... c'est gagné !
Je dus me dépêcher pour leur envoyé le compte rendu par mail, c'était enfin bon et j'étais impatiente d'avoir leur retour, qu'allait-il se passer ? quel allait être l'étape suivante ?
Mon enthousiasme et mon euphorie avait été balayé par la réponse de la sage femme qui m'avait répondu que c'était bien mais que cela ne suffisait pas et qu'il faudrait au moins trois stimulations successives avec ce résultat.
Je n'avais pu m’empêcher de leur demander pourquoi les doses d'hormones (oestrogéne et progestérone) utilisées dans la stimulation n'était pas tout simplement augmenté.
Il m'avait été répondu que c'était les doses maximum admissibles en France qui avaient été utilisé d'emblée dans mon cas.
Leur réponse au delà de fortement me décevoir avait suscité une interrogation. Pourquoi me dit-elle en France, qu'en est-il ailleurs ?
C'est le 12 novembre 2012, que je tapais pour la première fois sur google,
Source personnelle
Je découvris avec stupeur que les doses utilisées dans tous les autres pays qui pratiquaient les FIV avec don d'ovocytes étaient trois fois supérieures à la France. Les protocoles étaient forts différents et les techniques étaient bien plus à la pointe des nouvelles technologies. La plus grande différence était l'utilisation du Primo Vision qui permet de surveiller H24 le développement des embryons sans avoir à les sortir de leur milieu de culture alors qu'en France, ils sont extrait de leur environnement au moins cinq fois avec inévitablement un impact négatif sur le taux de réussite.
J'étais de moins convainque de parvenir à avoir notre enfant en France.
La France, qui avec le professeur René Frydman, était pionnière dans la PMA en 1982 était elle devenu 30 ans plus tard la cinquième roue du carrosse ? Manquait-elle de moyens ? L'investissement en terme de recherche était-il suffisant ? Manifestement la réponse à toutes ces questions étaient inquiétantes et pour la première fois de ma vie, je me sentis vraiment défavorisé d'être française.
Je commençais à accumuler pas mal d'informations sur les pays européens qui pratiquaient les FIV avec don d'ovocytes, j'étais du plus en plus enthousiaste à l'idée d’arrêter de mener notre combat en France mais le plus gros frein restait le tarif qui était en moyenne de 8000 €...
MARS 2013
En février, cela faisait maintenant trois stimulations consécutives où mon utérus avait bien répondu, enfin bien était peut-être un peu exagéré mais au minima de ce qui était exigé soit 9 mm d'épaisseur à chaque stimulation.
Nous étions convoqués le 28 à Marseille pour un entretien avec une nouvelle gynécologue qui prendrait désormais la suite et je me disais que c'était plutôt bon signe, nous avions franchi un cap et il ne restait peut-être que quelques couples devant nous dans la liste d'attente, cela allait probablement être rapide maintenant.
J'avais vraiment besoin que les choses s’accélèrent, j'en avais marre d'entendre "tu n'es toujours pas enceinte ?!? ou tu ne veux pas d'enfant ???" et j'espérais vraiment vivre ce bonheur avant mes quarante ans. Je me disait qu'il était peut-être trop tard, que j'avais laissé passer "ma chance", qu'il était probablement égoïste d'imposer cela à mon futur enfant en clair, j'avais du mal à rester optimiste et battante, je me laissai aller dans un état dépressif qui ne présageait rien de bon.
La fin du mois arriva à grande vitesse et c'est curieuse mais stressée, que je pris l'avion exceptionnellement sans mon mari, pour me rendre à Marseille.
Mon enthousiasme s'émoussait au fur et à mesure que je m'approchai du centre et je n'avais qu'une envie, "prendre mes jambes à mon cou" et partir très vite et très loin, sortir de ce cauchemar.
Il faut vraiment que ce rendez-vous soit positif, il ne peut pas en être autrement, je ne peux plus encaisser de mauvaises nouvelles, allez croise les doigts et fonce !
C'est après, une attente d'une heure et demi dans une salle d'attente à l'ambiance glaciale qu'un médecin d'un age certain, m’appela.
J'eus droit, en quasi place du "bonjour et des présentations", qui à mon sens s'imposent dans ce genre de situation, à,
« Monsieur n'est pas présent ?
— Non... »
J'avais presque envie de rebrousser chemin face à un tel comportement mais évidemment un fois de plus, je me raisonnai et me justifiai en lui expliquant qu'évidemment, s'il était absent c'est qu'il lui était impossible d'être présent... mais que je m'étais assuré auprès des sages femmes que sa présence n'était pas nécessaire.
Elle acquiesça d'un hochement de tète et m'indiqua que nous étions désormais à la dernière étape du processus, que probablement, dans les six mois à venir la donneuse allait être sélectionné, et qu'en fonction de sa réponse aux stimulations et de ses disponibilités, la date serait fixée.
Elle précisa d'autres détails liés à l'organisation.
Puis, elle enchaînât avec une dernière chose,
« J'ai vu dans votre dossier que vous fumiez et je vous demande d’arrêter immédiatement. Je vais vous donner un rendez-vous dans un mois afin de vérifier que ce soit bien le cas. »
Elle n'eut que faire de ce que je lui disais et me répéta qu'ils vérifieraient. J'avais bien conscience que c'était bien mieux mais j'aurais aimé y être préparé et accompagné.
C'était brutal comme demande et je l'avais comme un ordre non discutable. Je me disais que ce n'était probablement pas les conditions idéales pour arrêter mais peu importe, je n'étais plus à cela prêt. Pas de doute, j'y parviendrais même si je trouvais cela hallucinant et que je n'y étais pas du tout préparé.
J'étais tellement contente, six mois ce n'était rien compte tenu de tout le temps déjà passé à espérer, y croire, puis craquer, démissionner et ré espérer...
Je n'avais qu'une hantise, que la donneuse se désiste au dernier moment, que l'on m'appelle pour me dire que tout était annulé.
Car bien sur le nombre de donneuse était déjà restreint et il fallait respecter certains critères indispensables comme par exemple mon groupe sanguin mais aussi des critères plus "secondaires" comme la couleur de mes cheveux, de mes yeux, ma taille... Donc une fois leur sélection faite, il fallait vraiment que la donneuse aille jusqu'au bout de sa démarche.
Il va falloir patienter pour la suite, en espérant que cela vous a plu, amené à la réflexion et surtout permis d’en savoir plus sur la PMA avec don d’ovocytes.
Prenez soin de vous !
Christel
Pour aller plus loin :
- Il est urgent de développer les recherches pour améliorer les résultats de la PMA (Le Point Interview du Pr Frydman)
- PMA nés en France, Made in Europe (Libération)
- Adoption du projet de loi relatif à la bioéthique (Site de l'Assemblée nationale)
- Tabac et fertilité - Revue de la littérature (FARES Service prévention tabac en Belgique)
- Etat des lieux et perspectives du don d'ovocytes en France (Inspection générale des affaires sociales)
- Vidéo sur le Primo Vision (c'est magique !) (You Tube)
Aarrgghhh... Encore du suspens...
J'avoue que plus je lis les épisodes et plus je me dis que c'est la sélection à l'usure... Chapeau pour avoir tenu le coup dans ce parcours...
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Coucou @chrisparis,
C'est exactement cela je me disais que plus il y en avait qui abandonnés (généralement pour se tourner vers l'étranger) et moins ils avaient de patient à traiter...
Merci pour ton soutien et tes commentaires toujours bienveillants depuis tout ce temps.
Christel
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Quel parcours du combattant ! il en faut du courage !
j'ai vraiment hâte de lire la suite
Bravo en tout cas d'avoir tenu bon
Coucou @debo-medstudent,
Merci pour ton commentaire. C'est "rigolo" que tu dises cela car je me suis souvent sentie à l'inverse de courageuse.
J'aimerais poster plus souvent mais avec mes difficultés cela prend plus de temps que je ne le voudrais...
A bientôt alors :-)
Christel