Alors que Bitcoin domine encore largement l’ensemble du marché des crypto-actifs avec une valorisation qui gravite autour des 800 milliards de dollars, soit un peu moins de la moitié de la capitalisation totale du marché des devises numériques, sa domination n’a jamais retrouvé ses niveaux historiques de 2017. De son côté, Ethereum grappille des parts de marché et rattrape doucement le leader. Avec plus de dix années d'existence, la crypto-reine serait-elle prête à lâcher sa couronne ? Observons les tendances.
Ethereum grappille du terrain
Dans le sillage du leader, l’ether, la monnaie numérique d’Ethereum, a repris plus de 30% de sa valeur en quelques jours après une longue descente aux enfers de plus de 50% en trois mois. Au même titre que le bitcoin d’ailleurs. La corrélation entre ETH et BTC n’est plus à démontrer, les hausses et les baisses sont réalisées conjointement. Néanmoins, comme vous le savez probablement, le poids de chacune d’entre elles dans la capitalisation boursière totale du marché diffère et a fortement fluctué au fil du temps :
Comparatif des parts de marché entre BTC et ETH
Décembre 2017 marque le point haut du bull run qui précédait cette date avec un BTC à 20 000$ et un ETH à 1350$. Novembre 2022 marque le dernier plus haut connu pour chaque actif, avec cette fois-ci un BTC équivalent à 69 000$, soit plus de +245% depuis son niveau de 2017, et un ETH, lui, à 4730$ avec une augmentation de plus de +250% entre les deux pics sur la même période. Autrement dit, des performances similaires entre les deux actifs.
Nous remarquons facilement que la capitalisation boursière du bitcoin a, en l’espace de 5 ans, conservé la même part du gâteau, soit 42% du marché total. Alors que dans un même temps, l'éther a lui progressé et grappillé quelques miettes en passant de 16% à 19%. Il convient de noter qu’à eux deux, Bitcoin et Ethereum cumulent, comme nous l’avons vu plus haut, plus de 60% de la capitalisation totale du marché. En revanche vous vous en doutez bien, cette répartition n’est pas restée figée dans le temps. Place au graphique, puis nous commentons ensuite :
Comme nous pouvons le voir sur ce graphique, le bitcoin détenait une part de plus de 97% du marché total début 2017, alors que l’ether représentait seulement 1% de son côté. Mais durant la période d’euphorie de fin 2017, la position de bitcoin en tant que maître sur un marché encore naissant a perdu de sa superbe. Sa part de marché a fondu pour atteindre “seulement” 36% du marché total. Nous remarquons également sur le graphique ci-dessus, que lorsque le marché vacille à la baisse, la domination du bitcoin reprend des couleurs. Typiquement, durant toute la phase de “bear market” de 2018-2020, bitcoin affichait une part de marché en hausse de plus de 60%, puis un nouveau “bull market” est intervenu, autrement dit une phase de hausse durable du marché. De nouveau bitcoin a perdu du terrain pour atteindre 40%
Du côté d’Ethereum, le parcours est bien différent, bien qu’on ait pas encore assez de recul pour véritablement dire que ETH grignote durablement le BTC.
Force est de constater, qu’Ethereum prend de plus en plus de place sur le marché. Il faut dire que beaucoup d’investisseurs croient énormément en la solution apportée par son CEO, Vitalik Buterin. D’ailleurs, bien qu’on compare Bitcoin et Ethereum, les fonctionnalités apportées par les deux blockchains sont bien distinctes. Une comparaison qui fera l’objet d’un prochain article. Ici nous nous cantonnons aux performances des cryptomonnaies associées aux deux infrastructures blockchains. Il est encore difficile de dire que Ethereum prend véritablement de la force d’un point de vue de la capitalisation boursière. Sur le graphique ci-dessus, ETH reprend de la force lorsque le marché dans sa globalité repart à la hausse. Depuis 2020, nous n'avons pas connu une nouvelle chute longue et durable, appelée "bear market". A ce moment- là, nous pourrons observer ou non la résilience de l’ether.
Si BTC et ETH dominent largement le marché en attirant la majorité des capitaux, en attendant, des spéculateurs se sont positionnés sur des actifs plus ou moins obscurs afin d’espérer dénicher le nouveau bitcoin. Certains ont fait des fortunes, mais beaucoup se sont brûlés les ailes. Pour cette deuxième catégorie et pour rester optimiste, nous pourrions reprendre une célèbre citation de Nelson Mandela pour relativiser “on ne perd jamais, soit on gagne, soit on apprend". Plus facile à dire qu'à appliquer quand une position a subi -90%. Revenons-en à nos deux leaders.
La dominance de Bitcoin et d’Ethereum peut-elle perdurer ?
Tout d’abord, et tout naturellement, le marché des cryptomonnaies se démocratise et les leaders doivent jouer des coudes avec leurs concurrents pour conserver leur couronne. L’environnement crypto devient de plus en plus compétitif.
Le nombre de cryptomonnaies a été multiplié par 10 en l’espace de cinq ans. Autrement dit, il existe 10 fois plus d’actifs sur lesquels spéculer et sur lesquels certains prédisent avoir trouvé le “prochain bitcoin”. Naturellement, la masse monétaire se diffuse dans toutes ces nouvelles alternatives au bitcoin et à l’ether. Bien que beaucoup d’entre elles soient en réalité des arnaques-fraudes-escroqueries aboutissant à la ruine des traders-investisseurs de la première heure.
Oui car c’est indéniable. La plus grande partie des acteurs présents sur le marché ont un appétit pour le risque. Les investisseurs veulent donc un retour sur investissement et très peu d’entre eux sont en réalité détenteurs de cryptomonnaies pour le projet et la technologie sous-jacente de chaque actif. Comparons l’évolution du top 10 crypto entre le bull run de 2017 et aujourd’hui :
Quatre survivants : Bitcoin, Ethereum, Ripple (XRP) et Cardano. Les autres actifs ont sombré pour laisser place à des crypto-solutions plus innovantes et plus agiles. Néanmoins nos deux “dinosaures” de l'écosystème crypto sont toujours en place et profitent d’une “ancienneté” et donc d’une légitimité qui vient rassurer une grande partie des acteurs du marché.
Dans une récente étude menée par KPMG sur la demande de l’ADAN (Association pour le développement des actifs numériques), il est mentionné que 8% des français ont déjà investi dans les cryptomonnaies avec le duo bitcoin et ether qui sont privilégiés en matière d’investissement. Il est également mentionné que les Français qui n'investissent pas sur ces actifs ne le font pas principalement par manque de connaissances quant à leur fonctionnement (48% des répondants). Mais il est fort à parier que même ceux qui investissent sur ce marché, du moins une grande partie, se procurent des cryptomonnaies sans maîtriser la technologie sous-jacente. Comme nous l’avons dit plus haut, la spéculation domine encore sur ce marché.
Il faut dire que définir la blockchain n’est pas simple et la maîtriser encore moins. La plupart des définitions se limitent aux caractéristiques techniques de la technologie, elles-mêmes souvent abstraites pour beaucoup d’entre nous : “technologie de stockage”, “liste d’enregistrement”, “système peer-to-peer”, “noeuds de stockage”, “cryptographie”, “algorithme de consensus", “réseau décentralisé”... Un langage d’initié qui exclut ceux qui ne le maîtrise pas. Nous pouvons tous décrire des technologies bien implantées aujourd’hui : une voiture, une station spatiale, une fusée, une enceinte bluetooth… La compréhension technique des objets technologiques passe après leur compréhension conceptuelle et utilitaire. Par exemple, rares sont ceux qui décrivent une voiture comme étant : un châssis métallique constitué d’un moteur à combustion fonctionnant avec une source d’énergie fossile ou non fossile. La blockchain et donc les cryptomonnaies en sont à ce stade.
Une fois que la technologie sous-jacente sera mieux comprise, ce qui passera par des cas d’utilisation concrets et plus palpables, seules les véritables solutions blockchains resteront et domineront. Pour l’heure, Bitcoin et Ethereum conservent leur statut de leader. Mais peut-être que nous ne connaissons pas encore les meilleures solutions crypto-blockchains. Celles-ci apparaîtront probablement dans les prochains mois/années.
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