Pour constater les impasses idéologiques auxquelles nous sommes confrontés, au delà des symptômes évidents des guerres, des inégalités, de destruction de notre éco-système, des difficultés sanitaires et sociales, il faut comprendre et analyser le mouvement politique tel qu'il a été construit ces dernières années.
Ce mouvement prend son origine à la sortie de la Deuxième Guerre Mondiale et se renforce à la fin de la Guerre Froide et avec le déclin du Communisme et l'avènement du Capitalisme et de l'Ultralibéralisme.
L'internationalisme est apparu comme une nécessité idéologique à la sortie de la guerre. Etymologiquement, c'est la "relation entre les nations". Pour cela il faut qu'il y ait des états-nations. L'internationalisme c'est donc reconnaitre ces corps politiques construits autour d'une identité forte, d'une culture historique commune. Mais c'est aussi assumer des divergences entre ces corps politiques et au sein même de ces corps avec des individus qui s'identifient ou non à ces cultures et à cette identité.
Comme l'Histoire est mouvante, plurielle, globale et que c'est une Science elle-même en construction, il apparait que cette identité est fragile et en transformation. L'internationalisme, s'il envisage des relations entre ces corps politiques, contient par essence une forme de repli identitaire, reléguant le patriotisme à un second plan sans s'en débarrasser complétement.
Que ce patriotisme et ce repli identitaire se manifestent actuellement est une conséquence directe de cet internationalisme qui a voulu instaurer des relations entre des états-nations qui ont conservé toute leur intégrité, leur légitimité politique et leur identité culturelle. La cohabitation entre plusieurs corps politiques est à penser et à anticiper. Mais dans un souci d'une liberté démocratique et d'une libre arbitre citoyen, l'internationalisme tel qu'il a été mis en place à la sortie de la Guerre est à proscrire.
L'alternative au repli identitaire semble, ces dernières années, prendre la forme d'une sorte de village global à l'intérieur duquel cohabiteraient toutes les identités. Si cette utopie semble intéressante, elle se confronte à sa réalisation concrète dans le cadre d'une construction d'un monde capitaliste. Indéniablement, les effets bénéfiques pour l'intérêt général promis par la philosophie d'Adam Smith ne se manifestent toujours pas malgré une mise en concurrence féroce des intérêts privés. C'est que le bien-être général n'est conciliable aux intérêts particuliers qu'à condition de dépasser justement les jugements de façade, les préjugés et les égos.
Le village global est un corps politique dissout par essence ou avec une très faible cohésion. En effet, le fondement même d'un corps politique, c'est d'un côté des forces qui relient les différentes composantes de ce corps (on pourra considérer par exemple les différents partis ou mouvements politiques) et celles qui les éloignent ou les oppose. Dans celles qui les relie, il y a l'Imperium ou, selon la philosophie synosiste, "ce droit que définit la puissance de la multitude", qui s'incarne concrètement dans la Loi, dans la Monnaie, dans la Justice ou dans toute forme de valeurs morales. Cet imperium apparait largement utopique dans un contexte mondial. Y compris dans une économie communiste ou marxiste.
Envisager un corps politique global passerait d'abord par l'interrogation des besoins humains vitaux et des nécessités universelles qui rapprochent les êtres humains plutôt qu'elles les éloignent. Tout un chacun devrait alors considérer sincèrement et avec modération ses propres besoins.
Je préfère imaginer un tel processus à une échelle locale et personnelle avant de l'envisager au niveau planétaire. Il me semble qu'on a voulu passer trop d'étapes pour rejoindre cette utopie sans s'apercevoir qu'on laissait sur le bord du chemin de nombreuses populations en créant d'énormes inégalités.
La création de nouveaux corps politiques pour remplacer les états-nations et pour avancer de manière plus réaliste vers une démocratie réelle est indispensable. L'absence ou la négation de tout corps politique (l'anarchie) est aussi une impasse car elle renonce même à une coexistence ou à une cohabitation sociale alors que l'Histoire montre aussi la puissance politique que permet cette réunion.
Il faut donc tout autant être alerte des dérives qui peuvent apparaitre à la création d'un corps social : repli identitaire, exclusion de l'autre, sentiment d'appartenance exacerbé ; sensible aux limites réelles de ce corps et convaincu de sa puissance et de son potentiel. Cette prise de conscience doit s'établir dans la bienveillance et dans la co-création pour dépasser les conflits.
La communication non-violente (ou consciente non violente) me semble être une étape fondamentale à la construction de ce corps. Cette dernière nous invite à nous responsabiliser et à prendre conscience de notre potentiel humain. Cela vaut sur le plan citoyen et politique. Je renvoie sur ces questions aux travaux de Henry David Thoreau dans "La Désobéissance Civile" et d'Etienne de La Boétie dans "Discours de la Servitude Volontaire".
La dimension démocratique de ce corps doit être centrale et indiscutable car nous ne parviendrons à aucune décision sans un processus démocratique. C'est ce qui bloque nos gouvernements, corrompt nos partis politiques. Lawrence Lessig a démontré et pointé ces difficultés opératives de la démocratie aux Etats-Unis.
Pensons la création de ce corps, sa construction, son articulation, son fonctionnement comme d'autres ont pensé avant nous la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme ou la Vème République...
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