L’ Alfama et la Sé
« Agora,
que lembro,
As horas ao longo do tempo;
Desejo,
Voltar,
Voltar a ti,
desejo-te encontrar;
Esquecida,
em cada dia que passa,
nunca mais revi a graça
dos teus olhos
que eu amei.
Má sorte,
foi amor que não retive,
e se calhar distrai-me...
- Qualquer coisa que encontrei. »
Alfama, Madredeus
Alfama, Lisbonne
Commençons ce périple par la genèse. Les deux villes se sont bâties sur les hauteurs proches des fleuves du Douro et du Tage, les endroits les plus favorables à l'époque pour conserver un système défensif optimal de leur cœur bâti.
Un cœur qui continue de battre aujourd’hui dans Porto, dans le quartier de la cathédrale de la Sé, puisqu’elle offre à la ville un espace haut en couleurs dirigé par cette cathédrale.
En haut des remparts du château são Jorge de Lisbonne, on peut admirer une vue des plus remarquables de la ville. Le Tage et le centre-ville se dévoilent dans une perspective au relief omniprésent des bords de ce fleuve. Un cœur de ville qui tient son dernier souffle des touristes qui viennent y visiter les vestiges de l'ancien château qui dirigea Lisbonne pendant de longs siècles. Seules les petites habitations qui englobent la forteresse abritent encore des portugais qui ne se découvrent que peu à la vue. En regardant les étages supérieurs, on peut toujours voir l’octogénaire portugaise accoudée ou cachée derrière les rideaux de sa fenêtre, observant le flux de touristes qui grouillent dans les petites rues pavées et étroites de L'Alfama.
Ce quartier médiéval si intemporel de Lisbonne où les façades étroites et colorées des vieilles bâtisses nous font oublier la modernité actuelle. Et ce n'est pas le célèbre tramway jaune et blanc flirtant dans les rues qui nous fera oublier ce côté ancien du quartier. Ce tram du début du XXe siècle se déplace depuis l'époque pour aider les moins aptes à gravir ces rues pentues de l'Alfama. Le quartier affiche de nombreux points de vues cadrés sur le centre-ville, apportant un plus non négligeable à cette promenade architecturale. En effet, celle-ci arbore un champ de vision beaucoup plus fermé où les hautes façades canalisent la vue et affirment une certaine introversion du quartier , tournant le dos au reste de la ville. Une introversion qui, je pense, est nécessaire pour que ce quartier exprime pleinement son identité architecturale et sociale. Cela nous permet de croiser de petits groupes de personnes discutant, généralement entourés d’enfants tapant dans la balle tel un Ronaldo, leur idole. Leur ton vocal élevé, typique des portugais, résonne jusqu’au soir lorsque la population évacue les rues pour se rendre dans les cafés.
Afin de se retrouver avec la vie de ce quartier, il faut venir à ce moment tardif de la journée et s'arrêter dans ces lieux où anciens et jeunes viennent discuter sur les choses de la vie. Des bars qui ont gardé cette authenticité et s'y asseoir permet de mieux comprendre la vie portugaise : une architecture ancienne, sans exubérance dans un lieu confiné où deux ou trois petites tables sont servies par le maître des lieux, toujours prêt à échanger quelques mots en français avec vous. Après une série d'escaliers, nous sommes confrontés à la première frontière entre le quartier et le centre-ville.
Dans la ville du Nord, la Sé de Porto affirme ses différentes époques qui l'ont jalonnée comme des cicatrices insolubles sur sa peau.
La façade baroque d'origine prend l’image d’une forteresse qui protégerait la ville. Ceci est affirmé par les créneaux qui chevauchent la partie haute de la construction et ses deux tours rappelant les tours de guet surveillant le Douro. Un aspect défensif accentué par le pilori qui s’élève au centre de la place de la cathédrale avec ses crochets où l’on pendait les condamnés. L’édifice joue dans son intérieur sur le baroque accommodé à une touche romanesque garantissant une hétérogénéité entre sobriété et excentricité qui anime le lieu. Une animation architecturale mais aussi sociale car elle est beaucoup fréquentée par les portugais dont la religion garde une place très importante dans la vie de tous les jours. Cette vie religieuse est d’ailleurs retranscrite sur les murs du cloître gothique grâce aux fameux azulejos qui jouent le même rôle symbolique et historique que les vitraux. Ces azulejos sont en fait des carreaux de faïence qui feront la marque de fabrique du Portugal, un héritage de l’occupation Maures entre 714 et 1147.
Entre un cœur figé et un cœur battant, les deux villes jouent sur deux tableaux. Une différence que l'on remarque assez facilement sur ces deux lieux originaires des villes que sont le quartier de la Sé pour Porto et de l'Alfama pour Lisbonne. Mais ces endroits hauts en hauteur gardent un aspect commun, ils laissent se dévoiler deux villes aux dénivelés impressionnants qui feront rebuter plus d'un touriste. Dans ces hauts et ces bas, chaque édifice prend plus ou moins d'importance et ce jeu de décalage est si spécifique à ces deux villes portuaires.
La sé qui domine le vieux Porto