J'aimerais partager l'expérience que j'ai vécue dans une ferme d'huîtres dans la région de Kedah, en Malaisie.
The oyster farm
Je suis arrivée en Novembre 2016 dans ce projet grâce au site de volontariat Workaway (l’échange proposé est en général de travailler 4-5 heures en échange d’un lit et de nourriture). La description parlait d'une île paradisiaque où l'on pouvait apprendre et expérimenter la permaculture. Forcément, l'idée m'a plût et j'ai postulé. À ce moment-là je ne me doutais pas encore que j'allais rester cinq mois dans une ferme d'huîtres !
Le projet développé ici comporte de nombreux micro-projets et je suis aujourd'hui bien heureuse d'être restée si longtemps car cela m'a permit d'avoir une vision plus globale de ce qui se joue ici dans la vallée de Bujang. À mon arrivée je pensais rester deux ou trois semaines sur le projet mais mes plans ont rapidement pris une autre tournure...
Je suis arrivée en premier lieu à la ferme d'huîtres où je suis restée une semaine. J'y ai rencontré des gens très gentils et très accueillants bien que l'anglais n'était pas toujours facile pour tout le monde, moi y compris.
Le projet ici a commencé par un partenariat entre Paksu, un villageois du coin et l'université de sciences de Malaisie. L'université proposa à Paksu de travailler ensemble sur un projet de ferme d'huîtres qui permettrait d'améliorer la vie de la communauté locale tout en protégeant l'environnement et en sensibilisant les locaux et les touristes. De nombreuses activités y sont développées : l'élevage d'huîtres bien sûr (les huîtres lavent l'eau de la rivière), le plantage d'arbres de mangroves, la construction d'une guesthouse, le développement d'un restaurant, la pêche, nager dans la rivière, l’apprentissage de l'anglais aux enfants, la sensibilisation à l'environnement,...
Et d'autres encore, parfois très liées à la culture locale : participer aux kenduris (mariages), célébrer le ramadan, cuisiner de la nourriture locale, rencontrer les gens, nager avec les enfants, partager quelques kueh mueh (nourriture locale),...
Wedding between a french and a malay
Ici, locaux (enfants, jeunes, vieux) et volontaires venus d'ici et d'ailleurs travaillent et vivent ensemble. Le projet se veut ouvert et accessible. Les gens venus de la ville travaillent avec ceux de la campagne et on apprend les uns des autres. C'est à mon avis une dès grande richesse de ce projet : se trouve réunies mixité sociale, mixité culturelle et mixité d'âge.
We play Uno all together everyday!
Après une semaine à la ferme d'huîtres j'embarque sur le bateau en direction de Pulau Bidan située à quarante-cinq minutes de la ferme. On descend la rivière Merbok jusqu'à l'océan et ici, non loin de Pulau Song Song (l'île de la femme enceinte) et de Pulau Telur (l'île de l'œuf) se trouve Pulau Bidan (l'île de la sage-femme), petite île paradisiaque où quelques jeunes malais ont commencé ce magnifique projet de communauté permaculture avec pour idée de protéger l'île du tourisme de masse, de la pollution, de l'érosion. L'île est luxuriante, pleine de vie mais aussi pleine de déchets, d'amiante (laissée par l'armée Australienne qui avait érigé une base ici dans les années 1980..) et l'érosion de fait dangereusement sentir. Le projet est donc de créer un mode de vie durable afin de pouvoir répondre aux différentes crises environnementales et sociétales actuelles.
L'île est petite, on peut la traverser en une heure environ. Exceptés quelques groupes de vacanciers locaux et quelques pêcheurs il n'y a que nous les volontaires venus d'ici et la dans le monde et un, deux ou trois des jeunes malais qui ont initié le projet.
The island Pulau Bidan
Ayant quitté la France seulement deux mois et demi auparavant, je crois que je n'avais pas l'envie de vivre à nouveau avec des personnes venant majoritairement d'Europe. J'avais envie de découvrir, de tenter de comprendre une autre culture. C'est entre autres pour cela que après seulement quelques jours sur l'île je suis revenue à la ferme d'huîtres.
Pour moi, française qui vient de la ville, l'environnement ici est tout à fait nouveau. Ici je vis sur l'eau, au milieu de la mangrove, sur une sorte de maison flottante qui bouge au gré des marais et des bateaux qui passent. Le lieu est magnifique. Je ne me lasse pas de ces paysages, de ces levers de soleil, de ces animaux qui nous entourent (poissons, singes, chats, poules, loutres, oiseaux, serpents,...). Je suis lasse en revanche de regarder les déchets défiler par centaines chaque jour... et chaque nuit car malheureusement la pollution humaine ne connaît pas de repos. On me dit qu'avant, il y a environ soixante-dix ans on pouvait observer des éléphants et des crocodiles traverser la rivière. Plus maintenant.
Le principe d'un volontariat comme Work Away peut être vu de nombreuses différentes manières. Bien sûr c'est un moyen de voyager pour pas cher (ici je dépense cinq euros par jour en échange de l'hébergement, de la nourriture et de la participation à toutes les activités proposées par le lieu) et de voir des paysages hors des sentiers battus par les touristes. Mais mon volontariat ici à pour moi beaucoup plus de signification et a été la source de nombreux apprentissages. Cela me tient à cœur d'en parler, non pas pour me vanter mais pour peut-être donner l'envie à quiconque lira ce texte de se lancer dans une aventure similaire, ici ou ailleurs.
Daily life picture of people leaving the adventure, often to come back !
J'ai pu apprendre sur la culture malaisienne évidemment, qui est très différente de la mienne. Cela englobe tout un panel de traditions, de coutumes, de manières de parler, de créer des relations, de travailler, etc. Je sais maintenant parler un peu de malais ce qui m'a permit de communiquer avec les locaux qui ne parlaient pas anglais ici et en Indonésie. Mon anglais aussi a bien progressé et le voyage m'a en quelques sortes réconciliée avec l'apprentissage des langues... J'ai pu acquérir quelques compétences manuelles en construction, élevage d'huîtres, jardinage, conduire un scooter et cuisiner malais. J'en sais plus sur la permaculture, la protection de l'environnement et la géographie malaisienne.
Pulau Bidan island
J'ai aussi beaucoup appris sur moi-même durant ces mois-ci, ce qui n'a pas toujours été facile mais qui m'a fait grandir. Vivre dans une autre culture n'est pas facile au quotidien mais la richesse que l'on peut y trouver a pour moi bien plus de valeurs que des pièces de monnaies. C'est bien pour cela que je ne crois pas perdre mon temps en restant six mois dans un projet comme celui-là, sans faire d'argent. J'ai d'ailleurs un grand respect pour toutes les personnes qui participent à ce projet car elles consacrent leur temps, leur argent personnel et leur énergie à rendre ce monde meilleur, toutes en tant que bénévoles, n'ayant pas encore assez d'argent pour générer des revenus. Car l'argent produit est soit réutilisé dans le projet soit versé aux personnes dans le besoin dans les villages alentours, permettant par exemple à des jeunes de faire des études.
Impossible de compter les innombrables moments magiques que j’ai passés ici, seule, avec d’autres volontaires, avec les personnes du projet et avec des villageois. Beaucoup de sentiments m’ont traversés dans la vallée de Bujang.
Je pourrais écrire des pages et des pages à propos de la ferme d’huîtres mais je ne suis pas sûre d’être lue car de nos jours l’information se zappe toujours plus vite…
J’aimerais remercier du fond du coeur toutes les personnes qui ont partagé cette expérience avec moi - qui n’est pas finie! - et aimerais encourager toute personne intéressée - étrangère ou locale - a rejoindre le projet car à mes yeux il réunit de nombreux critères qui fondent un excellent projet, prometteur d’avenir.
Je n’oublierais jamais la générosité dont les Malaisiens ont fait preuve envers moi et j’essayerais toujours de me hisser ne serait-ce qu’un peu à leur niveau en terme d’hospitalité.
Je n’oublierais pas la beauté de la rivière, les coupures d’huîtres dans mes doigts, les soirées à regarder les étoiles depuis le toit, le dessert bubur kacang, les innombrables passionnantes discussions, la voiture remplie d’enfants, les roti canai, les tours en bateau de jour et de nuit, les toilettes des singes, le sourire et le rire des enfants qui nagent dans la rivière, …
Swimming time !
Margot- Maryam
PS : le projet est très complexe et il aurait été trop long de l’expliquer en détails, c’est pourquoi je l’ai largement simplifié dans mes explications, ce qui peut parfois créer quelques erreurs entre le texte et la réalité.
Si vous avez des questions par rapport à ce projet ou bien même par rapport au volontariat en général, s’il vous plait contactez moi : [email protected]
Vous trouverez ici les liens du projet
Pour être volontaire : https://www.workaway.info/178271811292-en.html
Pour dormir dans un des logements :
https://www.airbnb.fr/rooms/22311888
https://www.expedia.co.in/Bedung-Hotels-Bakau-Hijau-Riverlodge-Hostel.h21889545.Hotel-Information
La page Facebook du projet global : https://www.facebook.com/LembahBujang/
La page Facebook du projet sur l’île : https://www.facebook.com/pulaubidanpermakultur/