La main tremblante, le regard hagard, le coeur qui bat la chamade... je tente de retrouver mon calme. Je suis tombé sur cette émission... Et je ne pensais pas qu'en 2017, qu'on pouvait encore nous torturer avec avec un "débat" aussi grotesque... Pas sur BFM Business... pas avec un de mes économistes préférés.
Moi en ce moment
Je ne suis pas un économiste, mais je pense reconnaître lorsqu'on cherche à me faire passer des vessies pour des lanternes.
Mais avant de commencer, je voudrais vous présenter les 3 intervenants.
A ma Gauche ! Jean-Pierre Petit : président des cahiers verts de l'économie.
C'est une entreprise qui offre une gamme diversifiée de services de recherche dédiés principalement aux dirigeants d'entreprises, aux directeurs financiers, aux banquiers, aux gestionnaires de fonds d'investissements et aux opérateurs de marchés afin de les aider dans leurs prises de décisions.
(source : http://www.cahiersvertsdeleconomie.com/).
Il intervient régulièrement sur BFM Business pour livrer ses analyses macro-économiques.
A ma droite ! Le grand Jean-Marc Daniel. Economiste libéral et professeur associé à l'ESCP Europe. Il a également quelques ouvrages à son actif comme le merveilleux "Huit leçons d'histoire économique". Il intervient régulièrement sur BFM business.
Au centre ! Alain Madelin. Plusieurs fois ministres (sous Mitterrand et Chirac). Economiste libéral, il est également associé fondateur du fonds la tour capital. On lui doit également la loi "Madelin"
Ils sont interrogés sur BFM Business dans l'émission "les experts" présentée par Nicolas Doze.
L'or numérique
On commence fort avec Jean-Pierre Petit. Son argument principal se résume à peu près à ça. L'OR, c'est trop bien et le Bitcoin, c'est nul.
On compare régulièrement le Bitcoin avec l’or. C’est un argument fallacieux venant des pro et anti Bitcoin. Certes, le Bitcoin partage quelques caractéristiques techniques ... mais la comparaison doit s'arrêter là.
Indéniablement, le Bitcoin est majoritairement conservé dans les wallets ... Non pas comme une valeur refuge, mais comme un outil d’investissement. On investit dans le Bitcoin, car on pense qu’il va révolutionner l’échange de monétaire. Un transfert SEPA, c’est plusieurs jours alors que pour le Bitcoin, c’est quelques heures.
Contrairement à ce qu’on peut penser, l’or peut se détruire (difficilement) et se falsifier (en ajoutant d’autres matériaux). Le protocol bitcoin évite justement ça. Hormis le fait qu’un accès au réseau est nécessaire, comparativement, le Bitcoin est plus fiable que l’or et ne nécessite pas d’intermédiaire pour assurer la transaction. Et le mot intermédiaire est la clef. Bitcoin cherche à :
- diminuer le coût de transaction
- simplifier les échanges
Mais l'or est-il vraiment sans rendement (comparativement à une monnaie fiat) ?
http://france-inflation.com/cours_de_l_or_historique_et_actuel.php
A juste titre, on peut se dire que le Bitcoin est relativement jeune. Mais de quoi parle-t-on ? D’un actif soumit aux aléas du libre marché (au sens libéral), totalement ouvert, sans autorité centrale… qui n’a jamais connu de piratage depuis 2009. Dans l’époque où nous vivons, c’est une prouesse à l’image des pyramides. C’est ça la valeur du bitcoin (et du Bitcoin)
Les crypto tulipes
Je ne vais pas vous faire l’affront de vous citer Wikipedia mais en résumé, il s’agit d’une bulle spéculative autour des oignons de tulipes. Cette bulle aurait duré 3 ans et se serait intensifiée avant d’exploser entre 1636 et 1637. La tulipe était échangée sur un marché très restreint comme un bien de luxe.
Ici, l’argument avancé par Jean-Marc Daniel est qu’on ne sait pas pourquoi on achète des Bitcoin à l’instar des oignons de tulipe. C’est surprenant venant d’un grand économiste libéral. À la limite du paternalisme. Peut importe les bulles, je pense que tout le monde sait pourquoi on achète … pour gagner de l’argent plus tard.
Mais comment dire que ça n’a rien à voir ? D’un côté on compare un objet de luxe périssable.
De l’autre, on parle d’une technologie qui tente de répondre à la problématique soulevée par le créateur Satoshi Nakamoto dans son libre blanc.
Source : https://blog.octo.com/wp-content/uploads/2016/01/bitcoin_fr.pdf
Le commerce sur Internet en est venu à reposer presque exclusivement sur les institutions financières agissant comme tiers de confiance afin de traiter les paiements électroniques. Alors que le système fonctionne suffisamment bien pour la plupart des transactions, il souffre de faiblesses inhérentes au modèle de confiance. Les transactions totalement irréversibles ne sont pas réellement possibles, car les institutions financières ne peuvent pas éviter les conflits de médiation. La coût de la médiation augmente les coûts de transaction, en limitant le montant minimum de la transaction et coupant ainsi la possibilité de transactions courantes à petit montant. De plus, il y a un coût plus important dans la perte de la capacité à faire des paiements irréversibles pour les services irréversibles. Avec la possibilité de réversibilité, la nécessité de la confiance s'étend. Les commerçants doivent se méfier de leurs clients, et les ennuyer en leur demandant plus d’information dont ils n’auraient pas besoin en procédant autrement. Un certain pourcentage de fraude est accepté comme inévitable. Ces coûts et incertitudes dans les paiements peuvent être évités par la présence et l’argent physiques, mais aucun mécanisme n’existe pour faire des paiements à travers un canal de communication sans un tiers de confiance.
Il évoque à juste titre que le modèle de confiance basé sur des intermédiaires financiers n’est pas adapté au paiement en ligne. En effet, les litiges ne peuvent être évités et la médiation augmente le coût de transaction… Ce qui est une barrière pour les petites transactions.
Il en dit encore plus, mais ça laisse une idée de ce à quoi tentait de répondre Satoshi. Le système actuel n’est pas en mesure de répondre aux enjeux de notre époque. Il faut en inventer un nouveau.
C’est ça le bitcoin (et le Bitcoin) et c’est en quoi nous croyons.
Le consensuel
Dans le délire de #facepalm, il y a malgré tout Alain Madelin qui tente d'expliquer la progression du Bitcoin. C’est timide certes, mais il touche quelque chose.
Oui, le Bitcoin est un instrument de résistance contre un état aux élans totalitaires. L’or ne sera pas d’une grande aide et est facilement confiscable. Le Bitcoin bien géré (paper wallet, connexion TOR) est un instrument largement plus efficace.
Mais dans notre confort français, forcément, on ne peut pas comprendre …
Et pourquoi la bulle ?
Lorsqu’on me dit que le Bitcoin est une bulle, je ne peux pas m’empêcher de penser à ça.

source : coinmarketcap
Par contre, on se gargarise de la blockchain mais là, il semble que ce ne soit pas une bulle.
A votre avis, la "Blockchain" en est où sur cette courbe ?

Source :
Le débat qui n'a pas eu lieu
Pourtant, il y avait matière à débattre. Venant d'économistes, il aurait été intéressant de savoir si le Bitcoin pouvait vraiment être qualifié comme une monnaie.
Je ne vais vous faire le nouvel affront de plagier Wikipedia mais il en principe admis qu'une monnaie doit répondre au trois critères suivants :
- Une unité de compte : Cela permet de faire des calculs économiques et comptables
- Une réserve de valeur : Cela permet de faire un "transfère de valeur" dans le temps. On appelle plus communément l'épargne.
- Un intermédiaire d'échange : Cela facilite l’échange (comparativement au troc)
On se rend vite compte que le Bitcoin ne réunit pas (encore ?) ces caractéristiques :
- Unité de compte : Il n'est pas possible de faire un bilan comptable en Bitcoin à moins de traiter exclusivement Bitcoin
- Réserve de valeur. C'est un sujet complexe, mais globalement, on peut s'entendre sur le fait qu’en l’état, il existe de grandes incertitudes sur le devenir du Bitcoin.
- Intermédiaire d'échange : Il est tout à fait possible d'échanger des biens et des services en Bitcoin mais cela reste assez rare.
De mon point de vue, le Bitcoin n'est pas ENCORE une monnaie. Pour cela, elle devra résoudre ses problèmes de mise à l'échelle et se propager dans la société.
Mon avis.
Bien qu’appréciant deux des trois intervenants, je suis quand même sidéré de constater qu’ils n’arrivent pas à percevoir au-delà de leurs biais respectifs.
Jean-Marc Daniel est très bon sur l’analyse économique des faits historiques… C’est peut-être là le problème. Son incapacité de comprendre ce qu’il se passe.
L’histoire se répète indubitablement, mais le fait d’y chercher des réponses à ses convictions relève typiquement du biais cognitif.
Non ! Le Bitcoin n’a rien à voir avec l’or et les tulipes.
D’autre part, je suis effaré de voir qu’on puisse mettre en avant les aventure entrepreneuriales, mais qu’on puisse jeter un regard dédaigneux sur un projet aussi massif provenant du monde du logiciel libre. Pourtant, bitcoin est une véritable aventure extraordinaire et il serait temps de voir émerger des débats grand public sérieux à son propos.
Edit du 11/09/2017
Je ne peux pas m'empêcher de vous partager l'interview d'un autre économiste. Evidemment, je taquine, c'était en janvier 2015.
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Si des économistes pensent comme ça effectivement on a encore du boulot pour faire comprendre ce qu'est vraiment le Bitcoin. Mais j'ai bon espoir que les choses s'accélère et que les faits les forcent à réapprendre ou apprendre ce qu'est le Bitcoin. En parler avec tant d'arrogance, dédain, mépris, ne pénalise qu'eux et ceux qui les écoutent sans tenter de se forger un avis en se renseignant, s'informant par eux même.
En tout cas concernant le Bitcoin il y a tellement à dire, moi je ne le considère pas comme une monnaie pour les raisons que tu as cité plus haut mais plus comme une "valeur" en tout cas ce qui est indiscutable c'est que le technologie derrière le Bitcoin avec un grand B est vraiment une révolution que beaucoup néglige. Dire que demain quelqu'un pourrait dire que le Bitcoin n'existe plus revient à dire demain quelqu'un pourrait dire Internet n'existe plus. Ou du moins revient à dire ça en 1990-1995. Comme dit dans "Bitcoin la monnaie acéphale" un Bitcoin vaudra toujours un Bitcoin mais aller expliquer ça à monsieur et madame tout le monde (et appremment même à des économiste) relève du parcours du combattant. Enfin il y a tellement à dire que mon commentaire ne s'arrêterai jamais (mmmm d'ailleurs y a une limite de caractères sur les com's?:-D) donc je vais en rester là et bravo pour cet article j'ai vraiment beaucoup aimé !!
C'est un peu le problème des médias et de ce qu'on leur demande.
Le sujet est traité sur le fil de l'actualité et les intervenants ont deux possibilités :
Ça demande beaucoup de force d'opter pour la première solution
Une vision effarante et déplorable de la blockchain dans son ensemble ! Décidément on a du pain sur la planche pour ce qui est de l'information et la sensibilisation. Upvoté à 100% !
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Super ton post je me suis régalée !
Triple LOL ! L'émission devrait être rebaptisée "Les Experts de l'ignorance".
Mais il y a un bon côté à voir comment ces dinosaures donnent leur avis : tant que le bitcoin n'est pas au menu du journal de 20h sur TF1, c'est une excellente nouvelle : la hausse de son cours peut continuer !
Quand ma concierge me parlera d'investir dans le bitcoin, ce sera le moment de vendre... On a largement le temps d'en accumuler d'ici là !
Oui je comprends ce que tu veux dire 😂
Mais je voulais vraiment mettre sur l'ensemble focus sur ce pourquoi il a été pensé, un moyen de paiement.
Et forcément, il devra se diluer dans la société pour y arriver.
Super Post avec certains de mes économistes préférés ! Alors, oui ils voient le Blockchain d'une manière archaïque mais ils n'ont pas tort. Pour le moment c'est une bulle. Aucun des revenues ACTUELS générés par cette technologie ne justifie les niveaux de valorisations actuels. Il y a aura soit dégonflement soit Krach à Court-terme. Ensuite, la technologie comme l'était Internet est là pour rester.
Pour les dédouaner un petit peu:
"The Hitchiker's Guide to the Galaxy, Douglas Adams":
Super article @evildido.
Upvoted bien entendu :D.
Un grand merci 😊
Le problème n'est pas de parler de bulle mais de comparer le bitcoin avec n'importe quoi.
Bitcoin = mix entre Dollar et Or.
Facilité de paiement comme le dollar (voir mieux)
Valeur refuge et de "stock" d'argent comme l'or.
:D
L'exercice de comparaison a de grosses limites et c'est un peu la thème de l'article.
A mon sens, il est un peu périlleux de voir le bitcoin comme un actif de refuge (il le sera peut être à l'avenir). On y investit car on croit que sa technologie est un vecteur de rentabilité à venir.
Il n'a pas le "track record" permettant de le qualifier comme un actif refuge.
Sa technologie permet effectivement d'être aussi commode que le dollars tout en étant plus simple (système monétaire).
Par rapport à l'or il est aussi fiable pour un coût moindre. Sa certification et son inviolabilité est certifié par les mathématiques. C'est donc des intermédiaires en moins.
pocketsend:500@evildido, Très bon article !
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Merci 💪👍
Je ne suis pas surpris par les commentaires de prétendus économistes ou banquiers qui refusent de voir le potentiel du bitcoin et des nouvelles technologies. Je soupçonne que certains agissent ainsi pour cacher la peur qu'ils ont de ne plus avoir les clés pour dominer le monde. Les banques , naguère toutes puissantes, ont la trouille de leur existence de voir s'installer une technologie qui risque de leur faire perdre toute influence sur l'avenir du monde. Mais en même temps, n'ayant pas initié cette révolution, certains d'entre elles espèrent faire peur pour faire baisser la valeur du Bitcoin et des autres crypto-monnaies afin d'en acheter en cachette une part considérable. Ils font ainsi des affaires.
Cela dit, il ya une autre réalité qui est importante. L'histoire se répète constamment. Les débuts de l'automobile n'ont pas été facile. En angleterre, il fallait 3 personnes pour conduire une voiture (carrosse): un mécanicien, un conducteur, et une troisième personne marchant devant le véhicule, un drapeau dans les mains pour prévenir les piétons du passage du ''dangereux '' engin. Le début de l'aviation n'était pas facile non plus. Où en sommes nous à présent pour ce qui concerne les véhicules et l'avion.
Enfin, nous tous connaissons les débuts de l'ordinateur moderne avec des gamins comme Bill Gates et Steves Jobs. C'étaient des jeunes gens qui sont sortis du système scolaire (classique) et qui se sont accrochés à leur rêve. Ils l'avaient fait non en s'inspirant du passé et des anciens, mais en voyant ce que tout le monde, y compris les universitaires, économistes ne pouvaient voir parce que prisonniers des traditions. Ensuite est venu l'internet. Je vous épargne des commentaires là-dessus.
La leçon est que toute nouveauté fait peur à ceux qui ont le plus à perdre, et que nous sommes entrés dans un monde où ce sont nos enfants devenus visionnaires rêves et transforment la société actuelle pour donner naissance à cette autre société dans laquelle ils veulent vivre. Et ceci, sous la barbe des anciens qui ne comprennent rien à ce qui leur arrivent, qui perdent leurs privilègent de garants de l'avenir de la société, et qui gagneraient à encadrer et canaliser cette fougueuse jeunesse, sans l'empêcher de mettre ses rèves à exécution.
Merci de ce beau document que vous avez partagé avec nous.
Enfin bon. Jean Marc Daniels est un économiste respectable.
Il est simplement professeur et son analyse est très souvent juste.
Sur ce plateau, on est juste en face d'experts (des vrais) à qui on demande leurs avis sur quelque chose qu'ils ne maîtrisent pas.
La meilleure solution aurait été de dire "je n'en sais rien".
'' La meilleure solution aurait été de dire "je n'en sais rien".''
Exact.
Merci de m'avoir fait découvrir ton article, ça remet les chose en place dans ma tête =)